New Glenn, la fusée qui veut défier SpaceX

New Glenn
New Glenn, le lanceur lourd qui veut concurrencer SpaceX. © Getty Images

Blue Origin doit lancer pour la première fois lundi sa grande fusée New Glenn, un vol inaugural à l’allure de tournant pour la société fondée par le milliardaire américain Jeff Bezos, et potentiellement l’industrie spatiale privée.

Après des années de conception et de multiples reports, cette fusée haute de 98 mètres, soit la taille d’un immeuble d’environ 30 étages, doit s’élancer dans le ciel.

Sur la base spatiale de Cap Canaveral en Floride, la fenêtre de lancement de trois heures s’ouvrira à 01H00 locales (06H00 GMT). Une autre est prévue mardi à la même heure, au cas où les conditions météorologiques nécessiteraient un report.

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L’objectif est clair: “Atteindre l’orbite. Tout ce qui va au-delà est un bonus”, a fait savoir David Limp, le PDG de Blue Origin.

Si la société du fondateur d’Amazon emmène déjà depuis des années des touristes pendant quelques minutes dans l’espace grâce à sa plus petite fusée New Shepard, elle n’a jusqu’ici mené aucun vol en orbite.

Voici cinq choses à savoir sur New Glenn, un lanceur lourd qui veut concurrencer SpaceX.

Hommage

Tout comme New Shepard, la première fusée développée par Blue Origin, New Glenn rend hommage à un célèbre astronaute: John Glenn, le premier Américain à avoir réalisé un vol en orbite autour de la Terre, en 1962.

Haute de 98 mètres, soit la taille d’un immeuble d’environ 30 étages, New Glenn est plus grande et plus puissante que sa petite soeur utilisée pour le tourisme spatial.

Catégorie lourde

C’est un “lanceur lourd” c’est-à-dire une fusée capable de placer en orbite basse des charges utiles lourdes. Ce terme se réfère aux éléments transportés: satellites, engins spatiaux, etc.

New Glenn doit ainsi pouvoir emporter jusqu’à 45 tonnes en orbite basse. C’est plus du double que pour la Falcon 9 de son grand rival SpaceX, fondé par Elon Musk. Mais c’est moins que la Falcon Heavy (63,8 tonnes), également sur le marché.

La fusée de Blue Origin possède toutefois “la plus grande capacité d’envoi d’objets de grande taille” en raison de sa tête, plus large que celles des fusées concurrentes, relève auprès de l’AFP Elliott Bryner, professeur à l’université aéronautique Embry-Riddle.

Couteau suisse

Pour ces raisons, New Glenn pourrait s’avérer être une fusée couteau suisse, capable de transporter dans des orbites basses comme plus éloignées une grande diversité d’objets, pointent les experts.

Parmi eux, des satellites commerciaux ou militaires pour le compte de sociétés privées ou de Jeff Bezos lui-même, qui développe comme Elon Musk une constellation de satellites, mais aussi pour le gouvernement américain.

La fusée pourrait également transporter un vaisseau spatial avec à son bord des astronautes, explique George Nield, président d’une entreprise promouvant les activités spatiales privées.

“Une autre utilisation potentielle est celle des stations spatiales commerciales”, poursuit-il. Avec la retraite de la Station spatiale internationale à l’horizon 2030, la course à la construction dans l’espace est lancée, et New Glenn pourrait y contribuer.

En partie réutilisable

New Glenn est par ailleurs pensée pour être en partie réutilisable. Son premier étage, le propulseur, doit en théorie pouvoir être utilisé au moins 25 fois.

Pour le réemployer, Blue Origin doit toutefois parvenir à le faire atterrir. Après avoir réussi à faire poser sa première fusée, New Shepard – entièrement réutilisable – sur terre, elle ambitionne de le tenter cette fois sur une barge dans l’Atlantique.

Une manoeuvre qui rappelle celles menées depuis des années par SpaceX avec sa fusée Falcon 9. Dans les deux cas, “c’est un processus extrêmement compliqué”,insiste Elliott Bryner. “Le niveau technologique requis pour y parvenir est incroyable.”

Cette innovation permet de “réutiliser la fusée encore et encore, ce qui réduit considérablement les coûts”, abonde George Nield, et donc de permettre à davantage d’acteurs d’accéder à l’espace.

Hydrogène liquide

Sur l’aspect purement mécanique, New Glenn est composée d’un premier étage fonctionnant au méthane liquide et d’un second étage à l’hydrogène liquide, un carburant très puissant mais compliqué à employer.

Sur ce point, elle se démarque de la fusée Falcon 9 de SpaceX, qui emploie du kérosène, plus simple d’utilisation mais moins performant.

Si les capacités de ces fusées sont comparables sur de nombreux points, en termes techniques, cela revient à comparer “une Ferrari et une Volkswagen”, explique William Anderson, professeur d’astronautique à l’université de Purdue, New Glenn étant la voiture de course et Falcon 9 un “monospace fiable”.

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