Négociations sur l’Ukraine: la Russie gagne du temps et fait monter les enchères sur le commerce de céréales

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, fait monter les enchères pour un cessez-le-feu très partiel. (AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Moscou pose de nouvelles conditions avant tout avancée sur un cessez-le-feu partiel. Objectif? Obtenir une levée des sanctions sur ses exportations agricoles. Le manque de volonté de Vladimir Poutine d’avancer vers la paix est manifeste.

La stratégie de la Russie devient de plus en plus évidente, jour après jour, dans le cadre des négociations sur les Etats-Unis au sujet de l’Ukraine. Ce mardi, Moscou a refusé tout cessez-le-feu partie, en posant de nouvelles conditions.

Gagner du temps et jouer l’usure, tandis que ses troupes avancent sur le terrain, voilà la première tactique.

Faire monter les enchères en profitant du fait que l’administration Trump endosse facilement son narratif, voilà la deuxième option.

Fondamentalement, Vladimir Poutine ne cherche qu’une paix a ses conditions: reconnaissance internationale des territoires occupés, refus de l’Ukraine dans l’Otan et des garanties de sécurité, ainsi qu’une destitution du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

A cela s’ahoute un élément important concernant son économie. Dans ce nouveau round de discussion est venu s’ajouter des points concernant la navigation en mer Noire et le commerce des céréales. Moscou affirmant même que c’est Washington qui a mis ces points à l’agenda.

Lever les restrictions

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a ainsi réclamé mardi des “garanties claires” qui “peuvent être uniquement le résultat d’un ordre de Washington” au président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour arriver à un accord sur la navigation commerciale en mer Noire.

Sergueï Lavrov a aussi demandé, selon les agences russes, à ce que personne n’essaie “d’écarter” la Russie du marché mondial des engrais et des céréales, référence aux sanctions occidentales qui la visent.

Un accord céréalier en mer Noire avait permis à l’Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d’exporter ses céréales, vitales pour l’alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone.

La Russie, elle-même grande exportatrice de blé et d’engrais, s’en est ensuite retirée unilatéralement, accusant les Occidentaux de ne pas respecter leurs engagements censés assouplir les sanctions sur les exportations russes.

Faute d’accord à ce sujet, la Russie refuse de rentrer dans la logique d’un cessez-le-feu, fut-ce partiel sur les infrastructures énergétiques, pour une durée de trente jours.

Poursuivre le rapport de forces

Pendant ce temps, après avoir repris le territoire de Koursk occupé par l’Ukraine, Moscou continue ses frappes dans la région de Soumy, pour créer une “zone tampon” sur le territoire ukrainien. De lourds bombardements ont fait des centaines de blessés.

En Ukraine, personne n’est dupe. “Un cessez-le-feu serait nettement à l’avantage des Russes, affirme au Monde Taras Chmut, le directeur de la fondation Come Back Alive, qui soutient les forces armées. La situation est très dure pour leur armée, et ça leur donnerait le temps de fortifier leurs positions. Et si une pause durait au moins six mois, ça leur permettrait de reconstruire leur capacité offensive.”

Volodymyr Zelensky se rendra à Paris pour rencontrer le président Emmanuel Macron, mercredi. Cette rencontre visera à “prépare” le sommet du lendemain à Paris des pays de la “coalition des volontaires” prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine, a complété l’Elysée.

La perspective d’un cessez-le-feu plus large et d’une paix durable semble plus fragile que jamais.

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