Après avoir envisagé de créer un nouveau parti, Elon Musk semble aujourd’hui vouloir se réconcilier avec la galaxie MAGA. Entre ambitions contrariées, calculs tactiques et pressions internes, le milliardaire joue une partition politique de plus en plus ambiguë.
Annoncée en fanfare en juillet, l’initiative de Musk de lancer l’« America Party » semble déjà avoir du plomb dans l’aile. Officiellement, le patron de Tesla invoque le besoin de se concentrer sur ses entreprises. Officieusement, la crainte de se couper durablement du camp républicain l’a poussé à revoir ses plans, selon le Wall Street Journal.
« Rien de ce que dit le WSJ n’est vrai », a tranché Musk sur X. Une tentative peu convaincante de rétropédalage. Car dans les faits, ni structures, ni financements, ni alliances concrètes ne permettent aujourd’hui d’envisager sérieusement la création d’une troisième force politique. Aucune démarche officielle n’a été entreprise par le multimilliardaire.
JD Vance, l’entremetteur
Dans ce ballet politique, JD Vance joue un rôle central. À la fois gardien du temple MAGA et confident d’Elon Musk, le vice-président s’est mué en entremetteur discret entre le milliardaire et l’univers trumpien. Officiellement, il déconseille à Musk de fonder un troisième parti, qu’il juge contre-productif. « Mon conseil à Elon, c’est de rester dans le Parti républicain. Il y sera bien plus utile qu’à l’extérieur », confiait-il récemment sur Fox News.
Mais en coulisses, Vance orchestre un rapprochement plus stratégique. Selon plusieurs sources, il aurait œuvré à rétablir un canal direct entre Musk et l’entourage de Trump, notamment via un échange téléphonique avec la cheffe de cabinet Susie Wiles. Objectif : désamorcer le conflit né des critiques publiques de Musk à l’encontre du président, tout en préservant un potentiel soutien financier pour 2028.
Une trêve
Rien ne laissait pourtant présager ce rapprochement. En mai, Musk avait claqué la porte du gouvernement, critiquant le plan de dépenses massif soutenu par Trump. Il s’en était suivi une passe d’armes sur les réseaux sociaux. Mais depuis, les deux hommes ont opté pour une désescalade.
Trump a fait savoir qu’il souhaitait « voir prospérer Musk et ses entreprises ». Un message d’apaisement, probablement dicté par des considérations stratégiques : SpaceX demeure un fournisseur essentiel pour le Pentagone et la NASA.
Dans l’autre sens, Trump a récemment soutenu l’envoi par Trump de la Garde nationale à Washington, soulignant que le taux de criminalité y avait fortement baissé.
Influencer de l’intérieur
Au final, Musk semble rejoindre l’analyse de Vance : pour peser politiquement, mieux vaut influencer de l’intérieur. « Il ne redeviendra jamais fréquentable pour la gauche », a tranché le vice-président. Le milliardaire est désormais identifié comme une figure de la droite technophile. Il n’a plus grand-chose à gagner à jouer la carte du centre.
Certains y verront un aveu d’impuissance, d’autres un calcul froid. Une chose est sûre : la fenêtre pour une alternative politique crédible se referme à 1 an et demi des midterms. Reste à savoir si Musk se contentera de soutenir les ambitions présidentielles de Vance… ou s’il garde en tête une autre option, plus personnelle.