La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a accusé lundi l’extrême droite au Parlement européen de vouloir « semer la division » en lançant une motion de censure à son encontre. « Ne jouons donc pas le jeu des extrémistes. Défendons l’Europe et agissons pour les Européens », a-t-elle affirmé.
La présidente de l’exécutif fait face à une motion de censure initiée par l’eurodéputé roumain d’extrême droite Gheorghe Piperea (ECR), qui dénonce le manque de transparence de von der Leyen dans le « Pfizergate ». Celle-ci n’a pas rendu public un échange de SMS avec le patron de Pfizer pendant la pandémie, concernant l’achat du vaccin à la compagnie.
Face aux députés lundi soir, Ursula von der Leyen est montée au créneau pour défendre sa Commission, en ciblant les députés d’extrême droite porteurs de la motion. « Nous sommes entrés dans une ère de lutte entre la démocratie et l’illibéralisme », a-t-elle dénoncé. « Nous voyons la menace alarmante des partis extrémistes qui veulent diviser nos sociétés par la désinformation. (…) Ces mouvements se nourrissent de théories du complot. Des antivax aux partisans de Poutine. »
Elle a ensuite appelé les forces « pro‑européennes » et « pro‑démocratiques » à rejeter cette motion lors du vote prévu jeudi.
Le texte devrait recueillir le soutien d’une partie de l’extrême droite, ainsi que de l’extrême gauche, mais la motion a peu de chances de passer. Une majorité des deux tiers est requise pour renverser la Commission. Le PPE, plus grande force politique du Parlement européen et formation d’origine de von der Leyen, a annoncé qu’il voterait contre.
Les Socialistes & Démocrates (S&D), les libéraux de Renew et les Verts n’ont pas appelé à la censure, mais ont critiqué la Commission lors du débat qui a suivi la prise de parole de l’Allemande.
Manfred Weber, chef de file du PPE, a dénoncé une « perte de temps » alors que l’UE doit gérer la guerre en Ukraine, les négociations sur le prochain budget et l’élaboration de son pilier de défense.
Iraxté García Pérez (S&D) a souligné « l’ironie » du PPE, qui s’est allié avec l’extrême droite sur plusieurs dossiers récemment.
« C’est l’hôpital qui se moque de la charité », a ironisé Valérie Hayer (Renew), appelant le PPE à cesser de bloquer la création d’un organe éthique européen. Elle a dénoncé une centralisation excessive de la Commission et l’instabilité du Parlement, où l’idéologie l’emporte sur les accords politiques. « Ramenez de l’ordre dans votre famille politique », a-t-elle ordonné.
L’écologiste Bas Eickhout a, quant à lui, appelé à instaurer un véritable cordon sanitaire au Parlement européen.