Malaise agricole: Von der Leyen lance un “dialogue stratégique”

Ursula von der Leyen - Belga Image © belga

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen veut “surmonter la polarisation”, notamment sur les législations environnementales, sur fond de manifestations à travers l’Europe.

La présidente de la Commission européenne s’est exprimée en marge d’une renconre réunissant près d’une trentaine de représentants des organisations agricoles, du secteur agro-alimentaire, d’ONG environnementales et d’experts à Bruxelles. Promis depuis septembre, ce rendez-vous intervient à l’heure où, entre blocages d’autoroutes et défilés de tracteurs, la grogne touche plusieurs pays d’Europe dont la Belgique, la France, l’Allemagne, la Roumanie ou la Pologne, après les Pays-Bas.

Liée à diverses spécificités nationales, la colère des agriculteurs vise aussi les normes environnementales européennes et les importations jugées déloyales dans l’UE.

Une “polarisation croissante”

“Il existe une polarisation croissante sur les sujets liés à l’agriculture. Je suis profondément convaincue que nous ne pouvons la surmonter que par le dialogue“, a déclaré Mme von der Leyen avant la rencontre, reconnaissant “qu’il n’est pas facile de parvenir à une vision commune”.

“Nous partageons le même sentiment d’urgence que les choses doivent s’améliorer, qu’il faut trouver une nouvelle voie à suivre et des solutions communes et durables aux problèmes”, alors que les agriculteurs “évoluent au quotidien sur un marché très concurrentiel”, a-t-elle poursuivi.

Vous êtes souvent la partie la plus vulnérable de la chaîne de valeur, vous méritez bien sûr une rémunération équitable. Notre objectif est de soutenir vos moyens de subsistance et de garantir la sécurité alimentaire européenne”, a également assuré la présidente de l’exécutif européen.

Si les récentes manifestations évoquent des éléments déclencheurs nationaux divers, elles pointent des facteurs communs: épisodes climatiques extrêmes, grippe aviaire, flambée des prix du carburant, afflux de produits ukrainiens depuis une levée des droits de douane en 2022…

La nouvelle Politique agricole commune (PAC), qui renforce drastiquement les obligations environnementales, et les législations du “Pacte vert” européen – même si elles ne sont pas encore en vigueur – cristallisent le mécontentement.

“Les objectifs collectifs du Green Deal sont existentiels, nous vivons tous de la nature. Et même si nous ne sommes certainement pas toujours d’accord sur ces questions, nous sommes d’accord sur le fait que les défis s’accentuent, qu’il s’agisse de concurrence étrangère, de sur-réglementation au niveau national, du changement climatique ou de la perte de la biodiversité”, a résumé Mme von der Leyen.

Une “perspective à long terme”

Le professeur Strohschneider, à l’initiative de la rencontre, n’a pas été choisi au hasard pour coordonner le dialogue stratégique européen. En 2020, il avait déjà présidé une “commission pour l’avenir de l’agriculture” en Allemagne, qui avait réuni des acteurs du monde agricole, économique, des défenseurs de l’environnement, du bien-être animal ou encore des consommateurs ainsi que des scientifiques. Un rapport final a été publié en 2021.

Avec son initiative, la Commission cherche “à prendre une perspective de long terme pour l’ensemble du secteur de l’agriculture et de l’alimentation“, a indiqué l’institution à la presse. “Nous cherchons à savoir ce qui serait nécessaire pour réconcilier un certain nombre d’objectifs cruciaux, comme la prospérité des communautés agricoles la sécurité alimentaire et la durabilité des pratiques agricoles.”

Des groupes de travail seront constitués pour plancher sur différents thèmes, comme les revenus des agriculteurs, la durabilité de leurs pratiques, l’innovation technologique et la compétitivité. Chaque groupe sera chargé d’élaborer un consensus provisoire à soumettre ensuite en “plénière” à l’ensemble des participants. Selon des sources proche du dialogue stratégique, la rencontre de jeudi a déjà permis de faire émerger un “esprit commun” et une ouverture d’esprit prometteurs, même si le processus sera exigeant.

Avec des réunions prévues toutes les quatre à six semaines, les participants sont invités à rendre des conclusions vers les mois d’août ou septembre, afin de préparer le terrain pour la prochaine Commission et l’élaboration de la prochaine PAC commençant en 2028.

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