Macron seul sur tous les fronts
Un président omniprésent? Un an après sa réélection à la tête de la France, Emmanuel Macron, qui avait pourtant promis d’être un “homme nouveau” pour un “quinquennat nouveau”, se retrouve seul sur tous les fronts, entravé par la fronde des retraites et un gouvernement sans force de frappe.
Se réengager dans le débat public, “partout” : le chef de l’Etat a planté le décor lundi dans le journal Le Parisien, un an jour pour jour après sa victoire. Santé, éducation, travail, handicap, écologie… Il multiplie les sujets d’intervention, au risque d’éclipser un gouvernement déjà éreinté par la tempête des retraites. “Je continue moi à me battre pour que le pays avance”, a-t-il martelé à son arrivée à un sommet des pays de la mer du Nord à Ostende, consacré au développement de l’éolien en mer.
Jeudi dernier dans l’Hérault (sud), il annonçait des hausses de rémunérations des enseignants. Sur fond de huées et de bruits de casserole, comme la veille en Alsace (nord-est). Mardi, il visitera une maison de santé à Vendôme (centre), sur fond de désertification médicale accélérée en France. Un autre déplacement se profile déjà jeudi.
“Plus me mouiller”
La réforme des retraites a été massivement rejetée par les Français? “Peut-être que j’aurais dû plus me mouiller”, “que l’erreur a été de ne pas être assez présent pour (…) porter cette réforme moi-même”, concède tout au plus Emmanuel Macron, critiquant en creux sa Première ministre Elisabeth Borne.
“Elle a ma confiance, elle fait bien son travail dans un moment difficile pour le pays”, lâche-t-il néanmoins, sans plus s’avancer. Fragilisée depuis l’adoption sans vote à l’Assemblée de la réforme des retraites (via l’article dit 49.3), Mme Borne doit présenter mercredi sa feuille de route pour répondre aux attentes des Français et apaiser le pays, dans les 100 jours impartis par le chef de l’Etat. “Matignon est faible, l’équipe gouvernementale est faible, il y a trois, quatre ministres qui existent”, résume sans détour un cadre de la Macronie alors que l’exécutif est privé de majorité absolue à l’Assemblée.
Déterminé à reprendre la main, comme lors de la crise des Gilets jaunes durant son premier quinquennat, le chef de l’Etat enchaîne annonces et déclarations, sans convaincre. Pour 73% des Français, ses déplacements sur le territoire français ne sont qu’une opération de communication, selon un sondage ELABE pour la chaîne BFMTV paru lundi. Seuls 26% estiment à l’inverse “courageux” d’aller au contact direct des Français.
“Président du mépris”
Le chef de l’Etat reste aussi perçu comme “arrogant” ou “méprisant” par quelque 70% des Français, selon ce sondage. Avant, il passait pour le “président des riches”, maintenant pour celui du “mépris”, déplore le cadre de la majorité.
Parmi les multiples chantiers lancés, celui de l’immigration paraît pour l’heure des plus confus. Le 23 mars, Emmanuel Macron annonçait que le projet de loi initial, combinant accélération des expulsions d’étrangers en situation irrégulière et régularisations de sans-papiers dans les secteurs économiques en “tension”, serait scindé en plusieurs textes.
Marche arrière lundi dans Le Parisien: il plaide de nouveau pour “un seul texte”, au risque de braquer ceux, à gauche comme à droite, qui pourraient voter une partie du texte mais pas l’autre. Une nouvelle mission impossible pour Elisabeth Borne, déjà à la peine pour trouver des majorités par texte et qui a pris l’engagement de ne plus recourir au 49.3 ? “C’est un choix du Premier ministre, et le président l’accepte ou pas”, répond, lapidaire, le président. A elle de voir “ce qui a le plus de chances d’avancer”, a-t-il renchéri à Ostende.
Selon un ministre, qui refuse de s’alarmer d’éventuelles majorités introuvables, le président a “une idée assez précise de là où il va” : “mais la question c’est quel chemin il faut prendre ?”