Luxembourg : les challenges économiques qui attendent le prochain gouvernement
Le Luxembourg a voté ce dimanche : la coalition sortante ne pourra pas faire de nouveau mandat. D’autres majorités se dessinent. Voici les principaux challenges qui attendent le prochain gouvernement de notre pays voisin.
Grande déception pour les Verts dimanche lors des élections législatives au Luxembourg. Les écologistes perdent cinq sièges des neufs qu’ils avaient obtenus en 2018. La coalition sortante, avec les socialistes et les libéraux, n’a donc plus la majorité et ne pourra pas rempiler pour une troisième législature.
Qui pourrait reprendre le flambeau ? Mathématiquement, un gouvernement à deux partis est possible. Les libéraux (DP, parti démocratique) pourraient, par exemple, s’allier avec le CSV (parti populaire chrétien-social). Ils auraient 35 sièges (14+21) sur les 60 que compte la Chambre des Députés. C’était d’ailleurs une hypothèse avancée avant les élections par les analystes politiques. Elle se retrouve maintenant renforcée avec les deux sièges gagnés par les bleus, par rapport à 2018. Les deux se disent d’ailleurs ouverts à des discussions.
Une coalition avec les socialistes serait également possible mathématiquement (32 sièges). Les deux partis étaient notamment aux manettes du pouvoir entre 2009 et 2013.
Défis importants, avec la crise du logement comme nerf de la guerre
Durant la campagne électorale, un mot était sur les bouches de tous les candidats : le logement abordable. C’est la principale préoccupation des résidents. Ils ont peur de ne plus pouvoir s’acheter de bien immobilier ou de trouver de bien à louer. Les prix ont explosé ces dernières années : +10,1% en 2019, +14,5% en 2020, +13,9%, en 2021 et +9,6% en 2022, notait le média économique Paperjam en avril. En 2022, le prix moyen pour un logement dans la Ville de Luxembourg et aux alentours était de 1,5 millions. De nombreux résidents s’éloignent des centres urbains, voir quittent le pays (et font augmenter les prix dans les zones limitrophes dans les pays voisins).
Pour les loyers aussi, la tendance est à la hausse : +17% en 2018, +10% en 2019, +17% en 2020, -5% en 2021 puis une nouvelle hausse de 10% en 2022. Le prix moyen du mètre carré, à la location, est ainsi passé de 29 à 40 euros, pour la capitale. Soit 2.400 euros pour un appartement de 60 mètres carrés. Mais la tendance est similaire dans tout le pays.
Ce n’est pas uniquement un problème pour les résidents lambda, d’ailleurs. Cela va beaucoup plus loin : l’attractivité du pays en souffre. C’est ce que notaient de nombreux candidats lors de la campagne, où l’accent était aussi mis sur les mots attractivité et compétitivité. Les prix pourraient repousser les entreprises étrangères qui réfléchissent à s’installer dans le pays, voire faire partir celles qui sont déjà installées. Ce serait embêtant pour un pays dont le business model est fondé sur la présence des multinationales, des grandes banques et des fonds d’investissement.
Ses objectifs de croissance prévoient en plus une augmentation démographique rapide, avec un million d’habitants en 2050 (contre 660.000 aujourd’hui). De quoi mettre plus de pressions encore sur l’immobilier. Tout comme sur la mobilité, autre chantier important et challenge permanent pour les dirigeants.
Comment y remédier
Les solutions diffèrent selon les partis. Construire plus pour faire face à la pénurie – là tout le monde est d’accord. Mais comment ? S’endetter pour un grand plan de logements sociaux ou faciliter les choses pour que le marché puisse répondre à la pénurie ? Deux courants philosophiques s’opposent, mais le CSV et le DP sont généralement en faveur de rigueur dans les finances publiques.
Aussi, comment expliquer cette pénurie et cette flambée des prix ? Le marché, ou la propriété foncière, est concentré entre quelques promoteurs, qui ont déjà attiré l’œil de l’Autorité de la concurrence. En résumé, ils achètent les terrains ou logements qui sont à vendre, puis feraient de la spéculation, entraînant une hausse toujours continue des prix. Les longues procédures pour obtenir des permis de bâtir n’aident pas non plus. Tout comme un important phénomène “nimby” qui régit certaines mesures de constructions communales : pas trop d’appartements, ni de résidences trop hautes. Autant d’éléments qui limitent l’offre et auquel le gouvernement devra s’attaquer pour résoudre la crise.
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Réforme fiscale
La Belgique n’est pas le seul pays où les dirigeants n’ont pas su se mettre d’accord sur une réforme fiscale. Chez nos voisins du sud également, le projet n’a pas abouti durant la législature. Voilà donc un autre challenge pour le gouvernement à venir. Tous les partis l’ont en tout cas abordé dans leur programme. Moins de charges fiscales pour les familles monoparentales, supprimer les différentes classes d’imposition (comme les avantages pour les couples mariés) pour un barème unique et neutre, par exemple. Rester à voir comment la chose sera financée : tax cut ou tax shift ?
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