Ukraine: une trêve militaire de 30 jours suspendue à Moscou, mais la paix reste lointaine


L’Ukraine est revenue dans le jeu diplomatique grâce au dialogue avec les Etats-Unis et à la promesse d’un accord sur les matières premières. Une trêve complète est sur la table, que la Russie doit encore accepter. L’optimisme américain semble toutefois prématuré.
La page de l’humiliation subie à la Maison Blanche par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ne sera jamais vraiment tournée, tant le moment fut choquant. Mais les relations entre les Etats-Unis et l’Ukraine semblent rétablies après les négociations menées en Arabie Saoudite, menées par le secrétaire d’Etat Marco Rubio.
Les deux partis se sont entendues sur une trêve militaire de 30 jours – inégrale, pas seulement dans les airs et en mer, comme le suggérait Zelensky – et une signature rapide de l’accord sur les matières premières. En échange de quoi, l’aide militaire et le renseignement, suspendus par Donadl Trump, seraient rétablis.
La proposition de trêve sera soumise à Moscou. La balle est dans le camp russe. L’avenir, lui, reste incertain.
“75% du chemin”
Dans un texte commun publié au terme de la rencontre, la délégation ukrainienne conduite par le chef de l’administration présidentielle, Andriï Iermak, “s’est déclarée prête à accepter la proposition américaine” d’un cessez-le-feu immédiat et provisoire de trente jours, “qui peut être prolongé par accord mutuel des parties“.
La trêve doit être intégrale et implique aussi un arrête des hostilités sur le terrain, a précisé Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale: “Le président Trump nous l’a clairement fait savoir”.
La suite? A la Russie d’accepter la danse proposée. “Il faut être deux pour danser le tango, comme on dit, n’est-ce pas?, a souligné Marco Rubio. Donc espérons qu’il sera aussi d’accord. Et je pense vraiment que ce serait 75 % du chemin. Le reste consiste à documenter cela et à négocier les positions territoriales.”
Sous-entendu: le front serait bel et bien gelé à l’endroit où il se trouve actuellement. Mais les clés d’une paix durable restent très lointaines.
“Nous sommes aussi entrés dans les détails substantiels de la façon dont la guerre se finirait pour de bon, le type de garanties qu’ils auraient pour leur sécurité et leur prospérité à long terme”, a déclaré Mike Waltz. Sans autre précision.
La question est de savoir si la perte de quelque 20% du territoire ukrainien sera entérinée. Et quelles garanties de sécurité seront en effet offertes pour préserver le reste de l’Ukraine et éviter que Poutine ne reparte à l’attaque, une fois ses forces reconstituées.
L’Europe reste à l’écart
La place de l’Europe dans les négociations, reste tout aussi incertaine et ne semble pas désirée par Washington.
Le communiqué se content de préciser: “La délégation ukrainienne a répété que les partenaires européens doivent être impliqués dans le processus de paix”. Ce sera sans doute une condition de Kiev, mais Washington reste sur l’idée d’une négociation directe Trump – Poutine, impliquant toutefois Zelensky.
La suite? Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump, se rendra à nouveau à Moscou, ce jeudi 13 mars, pour exposer les points principaux de l’accord. Si Moscou venait à rejeter l’idée de la trêve, des sanctions pourraient être décidées.
“Ils sont prêts pour la paix”, a fanfaronné Mike Waltz à l’issue de la rencontre avec les Ukrainiens. Mais le chemin parcouru semble moins long que les “75%” énoncés par les Américains.
Les positions de fond entre les deux parties restent trés éloignées et la Russie compte bien profiter de sa position de force. La “relation privilégiée entre Donald Trump et Vladimir Poutine portera-t-elle ses fruits?
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