L’Ukraine et l’Europe inquiètes de la “normalisation” Trump – Poutine, un cessez-le-feu n’est annoncé que sur l’énergie et les infrastructures

Vladimir Poutine et Donald Trump, une alliance d'intérêt?. (Credit Image: © Artem Priakhin/SOPA Images via ZUMA Press Wire)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Un nouveau tournant dans la crise ukrainienne: les présidents américain et russe se sont parlés pendant plus de deux heures au téléphone, mardi. La tonalité de l’échange était positive. Un cessez-le-feu accepté pour… les infrastructures énergétiques. Une “normalisation” des relations entre Washington et Moscou sur la table.

En langage diplomatique, cela signifie que les signaux sont plutôt au vert. Les présidents américain, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine, se sont parlés durant plus de deux heures au téléphone, mardi.

A l’issue de cet échange très attendu, le Kremlin et la Maison Blanche ont fait savoir: que l’entretien “s’est très bien passé”. L’appel téléphonique avait pour objet d’éclaircir certains points de l’accord d’un cessez-leu-feu pour trente jours mis sur la table par les Etats-Unis et accepté par Washington. Cette entente de vue n’est pas forcément un bon signe pour les Ukrainiens et les Européens

Le président russe, Vladimir Poutine, avait toutefois laissé entendre qu’une série de conditions devaient encore être rencontrées. La Russie continue a exigé des “garanties de sécurité’, singeant le discours européens: pas d’Ukraine dans l’OTAN, reconnaissance internationale des territoires conquis, pas de soldats européens en Ukraine, fin des sanctions…

Le Kremlin a également qualifié la discussion entre Donald Trump et Vladimir Poutine de “détaillée et franche”, indication de possibles divergences, malgré tout.

Le président américain, Donald Trump, avait évoqué le fait que les deux hommes parleraient notamment de “terres” et de “sites énergétiques“. Il était question d’une reconnaissance de la Crimée russe, d’éventuelles demandes territoriales russes (concernant le port d’Odessa, selon le New York Times) ou de centrales nucléaires.

Normalisation et cessez-le-feu… sur les sites énergétiques

D’après l’agence de presse russe TASS, citant le Kremlin, le président russe et le président américain “se sont prononcés en faveur de la normalisation des relations bilatérales à la lumière de leur responsabilité partagée pour la stabilité dans le monde”.

“Le président Poutine a soutenu l’idée de Trump d’une renonciation mutuelle de trente jours aux frappes sur les infrastructures énergétiques par la Russie et l’Ukraine et a donné un tel ordre à l’armée”, annonce le Kremlin, d’après TASS. « [Vladimir] Poutine a informé [Donald] Trump que le 19 mars, un échange de 175 prisonniers contre 175 aurait lieu entre les parties russe et ukrainienne”, poursuit-elle.

Le Kremlin affirme par ailleurs que “la Russie et les Etats-Unis vont créer des groupes d’experts pour le règlement du conflit ukrainien” et que les deux pays allaient “entamer des négociations pour développer une initiative concernant la sécurité de la navigation en mer Noire”.

Vladimir Poutine a déclaré que “la cessation complète de l’aide militaire à Kiev était la condition clé pour résoudre le conflit en Ukraine”, rapporte également l’agence russe TASS, citant le Kremlin.

“Les présidents Trump et Poutine ont parlé de la nécessité de la paix et d’un cessez-le-feu dans la guerre en Ukraine”, a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué, ajoutant que ces derniers “ont également souligné la nécessité d’améliorer les relations bilatérales” entre les deux pays.

Selon Washington, “les dirigeants ont convenu que le mouvement vers la paix commencerait par un cessez-le-feu sur l’énergie et les infrastructures, ainsi que par des négociations techniques sur la mise en œuvre d’un cessez-le-feu maritime en mer Noire, d’un cessez-le-feu total et d’une paix permanente. »

En matière de coopération entre les deux pays, alors que le président Trump a adopté un virage radical en faveur de la Russie depuis son retour à la Maison Blanche fin janvier, les deux dirigeants ont émis le souhait d’une “amélioration des relations bilatérales” qui permettrait “notamment de conclure d’énormes accords économiques et d’assurer la stabilité géopolitique une fois la paix rétablie”.

Inquiétude européenne et ukrainienne

Une nouvelle fois, ce début de semaine offre un singulière séquence d’événements, avec des Européens se préparant à une menace russe renforcée par cette entente avec Donald Trump.

Peu avant l’appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, s’exprimait devant l’Académie militaire royale du Danemark, à Copenhague, pour défendre son plan ReArm Europe. “Etre préparé pour 2030 signifie s’être réarmé et avoir développé les capacités nécessaires pour une dissuasion crédible” et disposer d’une base industrielle de défense “qui constitue un avantage stratégique’, a-t-elle nortmmant dit.

Le président ukrainien, Volodymr Zelensky, est quant à lui arrivé en Finlande, un autre pays inquiet des visées russes. “Les entretiens officiels porteront sur le soutien de la Finlande à l’Ukraine et sur les mesures visant à mettre fin à la guerre d’agression de la Russie”, a fait savoir le palais finlandais.

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, se disaient confiantes dans la volonté américaine d’avancer vers la paix.

Interrogé par CNN, notre ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, rappelait toutefois que la seule perspective heureuse serait que Vladimir Poutine accepte un cessez-le-feu “sans conditions”.

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