L’investiture de Trump: virages radicaux, obsession migratoire et hésitations économiques
Le nouveau président américain a mis en avant son programme de rupture avec l’administration Biden. Musculations et contre-vérités garanties. En revanche, sa vision économique reste embryonnaire dans ses premiers actes.
C’est un programme de rupture radicale. “L’âge d’or de l’Amérique est de retour”, a martelé, mardi soir, le 47e président des Etats-Unis, Donald Trump. “Dieu m’a sauvé pour que je rendre l’Amérique plus grande”, a-t-il assuré, en évoquant son retour au pouvoir, malgré l’attentat qui l’a visé.
Place donc à son obsession migratoire, d’ores et déjà exprimée dans une série de décrets présidentiels votés de façon ostentatoire. Place à la musculation des mots pour reprendre le canal de Panama ou le Groenland.
Place à l’abandon des objectifs climatiques, aussi, en sortant des accords de Paris et en annonçant une utilisation sans limites des exploitations pétrolières et gazières. Place à l’abandon scientifique en quittant l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment.
Place aux réhabilitations en libérant tous les condamnés de la tentative de coup d’Etat du 6 janvier 2021.
Par contre, économiquement, les premiers pas du nouveau président restent timides. S’il a réaffirmé sa vision isolationniste, il n’a pas (encore) annoncé de tarifs douaniers spectaculaires. La politique fiscale était l’autre absent temporaire de cette investiture spectaculaire. Même si “l’efficacité gouvernementale” et la volonté de faire payer les étrangers pour diminuer le poids de l’inflation a été mis en avant.
“Etat d’urgence”
Trump a fait du Trump et ses partisans l’attendaient surtout sur le plan d’une immigration présentée comme une “invasion désastreuse”. Les premiers décrets portent sur la déclaration d’un “état d’urgence” à la frontière Sud et la désignation des cartels de la drogue comme “organisations terroristes”. Ces annonces ont soulevé des cris de joie dans la foule rassemblée pour le saluer. L”armée sera mobilisée.
“America First”: tel sera son slogan, à tout moment. Le droit du sol, ancré dans la Constitution, sera remis en question, qualifié de “ridicule” par le nouveau locataire de la Maison Blanche. Le 14e amendement de la Constitution américaine, ratifié en 1868, accorde la citoyenneté américaine à toute personne “née ou naturalisée aux Etats-Unis”. Il sera combattu juridiquement. La crainte du “grand remplacement” est omniprésente.
En attendant, les “expulsions massives” auront lieu et l’accueil des demandeurs d’asile sera limité au Mexique. Si tout cela est possible, car les annonces du nouveau président ne sont guère nuancées et se heurteront aux réalités, juriridiques, mais aussi économiques: les besoins d’une main-d’oeuvre bon marché et corvéable sont légions.
Musculations, encore, sur le plan international, quand il promet de rebaptiser le golfe du Mexique en “golfe de l’Amérique” ou qu’il “aggrandira” Les Etats-Unis avec le canal de Panam ou le Groenland.
Donald Trump vire de bord sur tous les sujets, il promet qu’il n’y aura désormais plus aux Etats-Unis que les genres “masculin et féminin”. Les minorités sexuelles ont du souci à se faire. Le retour en arrière annoncé est vertigineux…
Divisions sur l’économie
En matière d’énergie, le cap est clair et anti-climatique: les Etats-Unis “leur richesse d’antan” grâce aux réserves dé pétrole et de gaz qui seront exploitées et commercialisées. Le fameux “drill ,drill, drill” est bien d’actualité. Tant pis si, par ailleurs, Donald Trump affirme que le gouvernement sortant n’a pas protégé les Américains contre les feux de Los Angeles ou les ouragans de Floride.
Par contre, pas d’annonces tonitruantes encore en ce qui concerne les barrières douanières, même si elles ne sont pas abandonnées. Seule une taxe de 25% pourrait être introduite à partir du 1er février sur les produits en provenance du Canada et du Mexique. Pour le reste, ce n’est pas encore prêt, son administration étant apparemment divisée entre les partisans de droits généralisés et ceux privilégiant des mesures ciblées.
En matière fiscale aussi, les baisse d’impôts attendront. Elles ne sont pas abandonnées non plus et le travail d’Elon Musk sur “l’efficacité gouvernementale” va débuter rapidement. Plusieurs décrets ont exigé “un gel immédiat des réglementations”, le “gel des embauches” et la fin du télétravail pour les fonctionnaires fédéraux.
L’Amérique va retrouver son “âge d’or”, prétend Donald Trump, qui a dressé un portrait hallucinant des années Biden. La réalité, c’est qu’il récupère une économie finalement en bon état. Même s’il se débarrassera rapidement, du moins le souhaite-t-il, de sa dimension “verte”.
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