L’Institut de médecine tropicale d’Anvers tient le virus Mpox à l’oeil

Un nouveau virus fait son apparition. Une nouvelle fois, l’Institut de médecine tropicale d’Anvers se trouve en première ligne.

Le virus Mpox a été isolé pour la première fois en 1958, à Copenhague, au sein d’une colonie de singes qui présentaient des lésions cutanées évoquant la variole humaine. D’où le nom de variole du singe attribué à cette maladie qui a par la suite été diagnostiquée pour la première fois chez les humains en 1970, au Congo.

L’appellation est donc historique mais trompeuse. On sait en effet aujourd’hui que le virus se transmet à l’homme via les rongeurs. Elle est aussi dénigrante dans la mesure où elle stigmatise les populations noires d’Afrique, continent où, même si la variole a été officiellement éradiquée en 1980, cette maladie subsiste sous une forme atténuée, chez les animaux. “Nous ne sommes plus vos macaques”, aurait lancé en 1960 Patrice Lumumba, au terme d’un discours d’indépendance, dénonçant au grand étonnement de notre Roi, les méfaits du colonialisme. Apocryphe, la citation, n’en est pas moins révélatrice d’un état d’esprit qui, hélas, subsiste encore.

Pour éviter toute “simianisation”, l’Organisation mondiale de la santé a officialisé à partir de 2022 l’abréviation Mpox – de monkeypox – qui présente l’immense avantage de ne référer à aucune origine. Cette année-là, une épidémie majeure s’était pour la première fois propagée hors du continent africain et l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers avait innové en découvrant pourquoi le virus se transmettait aussi rapidement. Les personnes contaminées étaient en effet contagieuses quatre jours avant de présenter le moindre symptôme cutané et l’IMT avait rapidement pu implémenter un test PCR – prélèvement naso-pharyngé – de diagnostic.

Des mutations rendent le virus indétectable par certains tests PCR.

Bruxelles, passage quasi obligé

Un an plus tard, une nouvelle variante fait son apparition à Kamituga, le pool économique de la province du Kivu. Identifiée par l’IMT en collaboration avec l’Institut national congolais de recherche biomédicale, cette nouvelle souche est nettement plus préoccupante dans la mesure où sa transmission est aussi atypique que virulente. Contrairement à la transmission habituelle du virus, de l’animal à l’homme, cette variante se propage principalement par contact sexuel et pour ne rien arranger, des mutations rendent le virus indétectable par certains tests PCR. A cela s’ajoute que Bruxelles est un passage quasi obligé pour tout voyage à destination ou en provenance d’Afrique. D’où une indéniable inquiétude que relativisent tant le professeur Laurens Liesenborghs de l’IMT, pour qui nous ne sommes pas “dans un scénario covid”, que le SPF Santé publique, qui affirme détenir un stock stratégique de vaccins.

Installé à Anvers depuis les années 1930, l’IMT est l’héritier de l’Ecole des maladies tropicales, initiée en 1906 par Léopold II, alors en quête de médecins et d’infirmières pour son Etat libre du Congo. D’ebola au covid en passant par le sida, l’IMT est devenu une référence internationale dans de nombreux domaines et peut notamment se targuer d’avoir initié une nouvelle thérapie pour le traitement de la tuberculose, maladie dont l’Institut possède la plus grande collection d’échantillons au monde.

Guillaume Capron

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