L’Europe décidée, enfin, à s’engager dans la mer Rouge

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le blocage espagnol semble levé. Et le gouvernement belge pourrait décider d’une participation militaire dès ce vendredi.

Alors que les rebelles Houthis continuent d’attaquer les navires commerciaux et militaires en mer Rouge – un navire commercial grec a été frappé d’un missile mardi -, l’Union européenne semble enfin prête à lancer une mission militaire pour protéger la navigation le long de la route menant au canal de Suez, qui relie l’Europe à l’Asie.  Une route commerciale cruciale pour l’économie européenne, car une partie du gaz et du pétrole et des marchandises asiatiques passent par la mer Rouge et le canal de Suez pour venir nous approvisionner.

Mardi, Allianz Trade estimait que si cet axe était fermé pendant plusieurs mois, la croissance en Europe pourrait être handicapée de 0,9%. En début de semaine, le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, a lui aussi lancé un signal d’alarme, estimant que les effets de cette crise de la mer Rouge « pourraient se matérialiser dans les semaines à venir ».

Toutefois, jusqu’à présent, l’Europe avait laissé en grande partie les États-Unis et le Royaume-Uni affronter ce problème seuls. Il semble cependant qu’à l’issue de la réunion des 27 ambassadeurs du comité de sécurité de l’Union qui s’est tenue ce mardi 16 janvier, l’idée de mobiliser plusieurs frégates européennes à la mi-février avance. Le gouvernement espagnol, poussé par son aile gauche, s’était jusqu’à présent opposé à cette idée, mais il apparaît que désormais il ne fera plus obstruction. Et l’on attend une décision du conseil des ministres européens des Affaires étrangères qui se tiendra le 17 février.

Un kern cette semaine ?

Quant à notre gouvernement belge, il n’a pas encore officiellement pris position, même si la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib semble en faveur d’une intervention. « Les attaques continues des Houthis constituent un réel danger pour la stabilité de la région et représentent une escalade qui ne profite à personne. La Belgique travaille avec ses partenaires de l’UE et son allié américain pour rétablir la sécurité maritime dans la région et éviter tout débordement », a-t-elle posté sur X/Twitter le 12 janvier.

Une décision belge pourrait intervenir cette semaine, et, en tout cas, le sujet sera mis sur la table lors d’un kern qui se tiendra vendredi.

Une telle intervention pourrait s’inspirer, observe le site Politico, de l’opération Agenor que l’UE a lancée en 2020 pour sécuriser le trafic maritime dans le détroit d’Ormuz, qui sépare le golfe Persique du golfe d’Oman. Neuf pays européens participent à cette opération, dont la Belgique, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. La réunion du comité de sécurité de l’UE mardi a montré qu’un large consensus commençait à se faire jour sur l’opportunité d’une telle mission et sur la nécessité d’agir rapidement.

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