Les universités belges engagées dans les “alliances européennes” voulues par Macron
En septembre 2017, Emmanuel Macron tenait dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne un discours désormais ancré dans les mémoires, appelant à “créer des Universités européennes, réseaux d’universités qui permettent d’étudier à l’étranger et de suivre des cours dans deux langues au moins”. Un peu plus de sept ans plus tard, les universités belges sont pleinement engagées dans les “alliances universitaires européennes”, soutenues par le programme de financement de l’Union Erasmus +.
Mardi après-midi, le Roi et la Reine, dans le cadre de leur visite d’État de trois jours en France, se sont eux-mêmes rendus à la Sorbonne pour y rencontrer les acteurs, belges et français, de dix alliances universitaires européennes, sur les 64 qui ont été lancées ces dernières années. Chacune des dix implique également un établissement d’enseignement supérieur français.
L’Université de Lorraine, par exemple, fait partie des pionniers avec son alliance avec l’ULiège. L’université namuroise est quant à elle associée à celle de Toulouse ainsi que cinq autres, d’autant de pays différents, dans une alliance axée sur l’espace. La vision du président français en 2017 était que chaque jeune Européen ait, pour 2024, passé au moins 6 mois de sa vie dans un autre pays du continent, et maîtrise deux langues européennes.
Une ambition
Le programme d'”universités européennes” soutient résolument cette ambition, a souligné mardi à Paris la rectrice de l’UCLouvain, Françoise Smets. L’université louvaniste fait partie, avec celles de “Paris Cité”, mais aussi de Vienne, de Pise, ou encore le prestigieux King’s College de Londres, de l’alliance “Circle U.”
Pour l’UCLouvain, “cela facilite la mobilité des étudiants, mais aussi celle du personnel. Nous travaillons ensemble sur les bonnes pratiques, sur les problèmes communs. Un des derniers projets lancés dans le cadre de notre alliance est axé sur le multilinguisme. Nous essayons de connecter la recherche réalisée sur l’apprentissage des langues et l’utilisation de l’IA dans ce cadre”, explique la rectrice. Des spécialistes de l’apprentissage des langues des différentes universités réfléchissent ensemble à la bonne utilisation d’outils IA pour permettre l’échange d’étudiants sans forcément se limiter à des cours en anglais, un thème qui est cher à l’université installée à Louvain-la-Neuve, expose Françoise Smets. Une “summer school” a été organisée dans ce cadre l’été dernier.
Pour les étudiants de l’UCLouvain, il est aussi possible de suivre certains cours des partenaires étrangers à distance, avec même parfois des travaux qui impliquent des étudiants de l’autre université et un voyage de quelques jours sur place. “Cela apporte une expérience européenne. Tout le monde ne veut ou ne peut pas forcément partir en Erasmus pour une longue durée”, note Yassine Ciampi, représentant étudiant en charge de l’alliance.
“Universités européennes”
À Gand, on ne doute pas non plus de la valeur ajoutée de l’alliance Enlight, qui lie l’UGent à neuf autres universités dont celle de Bordeaux. “Nous avons un focus sur l’enseignement ‘future-proof’ (adapté à l’avenir, NDLR)”, explique Rik Van de Walle, le recteur. Du matériel de cours est échangé en ligne entre établissements d’enseignement, et, sur proposition des étudiants eux-mêmes, les universités ont adopté des lignes directrices communes pour les déplacements du personnel académique, qui doivent se faire en train là où c’est possible.
“Nous apprenons les uns des autres”, résume le recteur. “Par exemple, sur la manière de gérer un usage ‘responsable’ de l’IA dans notre enseignement”. À Gand aussi, l’alliance facilite l’envoi d’étudiants à l’étranger. “Nous sommes un consortium de dix universités qui se font confiance. Cela vaut aussi pour la reconnaissance mutuelle des matières enseignées et des crédits”, explique Rik Van de Walle.
L’objectif initial de véritables “universités européennes” offrant une qualification équivalente n’est cependant pas encore à portée de main. “On espère que ça va aider à évoluer vers un diplôme européen”, note Françoise Smets. “Mais on n’y est pas encore. Chez nous, par exemple, le décret Paysage rend les choses compliquées”.
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