Selon trois économistes de la Banque nationale, l’impact des tarifs douaniers sur l’économie belge serait relativement limité : l’impact cumulé serait de 0,25 % du PIB après trois ans. Mais cela reste une prévision très aléatoire.
L’impact cumulé des droits de douane américains sur l’économie belge et européenne serait plutôt limité, bien que les simulations économiques présentent une grande incertitude, écrivent les économistes Jana Jonckheere, Cédric Duprez et Grégory De Walque, dans le blog de la Banque Nationale. Selon leurs modèles, l’effet cumulé sur le PIB belge s’élèverait en effet à environ 0,25 % sur trois ans.
Plusieurs facteurs expliquent cette limitation, soulignent le trio d’économistes.
Transition
D’abord, la nécessité d’une période de transition.: Les entreprises et les consommateurs ont besoin de temps pour adapter leurs prix, leurs décisions de production et d’achat. L’effet total des tarifs douaniers ne se ferait sentir qu’après deux à trois ans. Par ailleurs, l’accord, qui doit encore être ratifié, conclu entre la Commission européenne et la Maison Blanche. Par exemple, les produits pharmaceutiques génériques sont exemptés des tarifs douaniers. Mais leur part dans les exportations pharmaceutiques belges est relativement faible.
Et puis, il y a la glorieuse incertitude de l’économie et de ses modèles. Les simulations utilisées ne tiennent pas compte de tous les facteurs, tels que d’éventuels déplacements des flux commerciaux mondiaux (par exemple, des pays comme la Chine vendant leurs produits à bas prix en Europe) ou des fluctuations de taux de change. La faiblesse du dollar n’est pas un droit de douane, mais handicape la compétitivité belge.
Effets directs, et surtout indirects
L’impact des droits de douane n’est toutefois pas négligeable, en raison des effets indirects : les deux tiers de l’impact sur notre PIB seraient en effet causés par les autres pays européens. Ces pays, également assujettis aux tarifs, auraient moins de marge pour demander des produits belges.
Mais il y a aussi es effets directs : des produits belges devenus trop chers seraient remplacés par des produits américains. Pour les biens facilement substituables (comme pils belge face à la pils américaine, les Américains pourraient opter pour des variantes locales, réduisant ainsi les exportations européennes potentielles. Mais dans ce cas précis, si la Stella est remplacée par la Budweiser, la substitution ne quitte cependant pas le groupe AB Inbev. propriétaire des deux marques.
Il y a toutefois des produits moins faciles à remplacer. Si l’on reste dans le domaine brassicole, il y a nos inimitables trappistes. Et si on s’en écarte, il y a par exemple les produits pharmaceutiques spécifiques. Ce sont des produits qui demandent beaucoup de recherche et développement ou un savoir-faire particulier. Dans ce cas, observent les économistes de la BNB, la hausse des prix serait en grande partie supportée par les Américains eux-mêmes, soit via des marges réduites pour les importateurs, soit via des prix plus élevés pour les consommateurs.
Grandes incertitudes
Les tarifs jouent néanmoins un rôle important en incitant certaines entreprises européennes, notamment dans l’industrie pharmaceutique, à déplacer une partie de leur production vers les États-Unis. Cela permettrait de contourner les droits de douane, ce qui est d’ailleurs l’intention du gouvernement américain.
Les économistes soulignent toutefois le haut degré d’incertitude qui entoure ces estimations. Des incertitudes réglementaires et juridiques. Un tribunal fédéral américain a déclaré la plupart des droits d’importation inconstitutionnels fin août. Et des incertitudes liées à l’accord lui-même : il contient des dispositions (comme l’achat de 750 milliards de dollars de produits énergétiques ou 40 milliards de dollars de puces d’IA par l’Union) qui pourraient être difficiles à respecter, car la Commission européenne ne peut pas imposer d’obligations d’achat aux entreprises privées.
Cependant, l’un dans l’autre, bien que les États-Unis soient un partenaire commercial important pour la Belgique -l’an dernier, nous y avions exporté 27 milliards de biens, dont 15 milliards de produits pharmaceutiques – et l’Eurozone, la combinaison de ces facteurs suggère que l’impact négatif total des tarifs pourrait être contenu.