Les sanctions américaines ont fait fondre le bénéfice de Huawei
Le géant chinois des télécoms Huawei a annoncé vendredi un fort repli de son bénéfice net l’an dernier, en raison notamment des sanctions américaines qui fragilisent lourdement ses ventes de téléphones.
Dans un contexte de rivalité technologique avec la Chine, l’administration de l’ancien président américain Donald Trump avait placé en 2019 Huawei sur liste noire. Une mesure qui interdit aux entreprises américaines de lui vendre des technologies sensibles, notamment des microprocesseurs. L’actuelle administration de Joe Biden n’a rien changé à cette politique.
Les sanctions coupent ainsi Huawei des chaînes d’approvisionnement mondiales en composants, mais aussi du système d’exploitation Android de Google, présent sur l’immense majorité des smartphones dans le monde. Cette situation a fortement fragilisé ces dernières années la branche téléphones de Huawei, qui s’était séparé en 2020 de sa marque d’entrée de gamme, Honor. Dans ce contexte, Huawei a annoncé vendredi un bénéfice net en baisse de près de 69% sur un an pour l’année 2022.
Le groupe a dégagé un bénéfice de 35,6 milliards de yuans (4,7 milliards d’euros), contre 113,7 milliards de yuans un an plus tôt. Il s’agissait alors de sa meilleure performance historique. Le chiffre d’affaires du groupe est en revanche en légère progression sur un an (+0,9%), à 642,3 milliards de yuans (85,8 milliards d’euros). En 2021, il s’était affiché en repli de plus de 28%.
“Facteurs extérieurs”
“En 2022, un environnement d’affaires difficile et des facteurs extérieurs au marché ont continué à peser sur les activités de Huawei”, a admis dans un communiqué le président du groupe, Eric Xu, sans évoquer explicitement les sanctions. La marque a un temps été l’un des trois principaux fabricants de smartphones au monde, avec le coréen Samsung et l’américain Apple. Et elle a brièvement occupé la place de numéro un, stimulée par la demande chinoise et les ventes sur les marchés émergents. Huawei n’a pas communiqué le détail du nombre de téléphones portables qu’il a vendus l’an dernier. La firme n’est pas cotée et n’est donc pas soumise aux mêmes obligations de certification des comptes ou de détails dans la publication de ses résultats que les groupes en Bourse. Huawei est par ailleurs le premier équipementier mondial pour la 5G. Mais Washington a fait pression sur ses alliés pour qu’ils renoncent à la marque pour équiper leurs réseaux 5G, arguant que Pékin pourrait se servir de Huawei pour surveiller les communications et trafics de données d’un pays.
La firme se recentre désormais sur le marché chinois et diversifie ses activités, notamment dans l’informatique en nuage (“cloud”), la voiture connectée ou encore la conception de puces. Basée à Shenzhen dans le sud de la Chine, Huawei compte quelque 207.000 employés et est présent dans plus de 170 pays.
Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe, prend la présidence tournante
La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, fille du fondateur du groupe, prendra à compter de samedi et pour six mois la présidence tournante de l’entreprise, a annoncé vendredi le groupe dans un communiqué. Son arrestation au Canada en 2018 à la demande des Etats-Unis avait marqué le début d’une crise diplomatique majeure entre Pékin et Ottawa, avec la détention en parallèle en Chine de deux Canadiens accusés d’espionnage.