Les régulateurs américains sur le grill après les faillites bancaires
Des sénateurs américains ont passé mardi sur le grill les régulateurs bancaires du pays, accusés de ne pas avoir anticipé la faillite des banques SVB et Signature Bank, et qui rendront le 1er mai plusieurs rapports sur le sujet.
“Les dirigeants de SVB et de Signature ont pris des risques fous et doivent être tenus responsables de l’explosion de leurs banques. (…) Mais soyons clairs, ces effondrements représentent également un échec massif dans la supervision des banques de notre pays”, a lancé la sénatrice Elizabeth Warren, de l’aile gauche du parti démocrate.
“Vous n’aviez pas besoin d’être comptable pour comprendre ce qui se passait”, selon un autre démocrate, Jon Tester. “Il me semble que les régulateurs connaissaient le problème mais personne ne s’en est emparé”. La commission bancaire du Sénat entendait mardi des responsables de la banque centrale américaine (Fed), chargée de la régulation des banques, ainsi que de l’agence américaine de garantie des dépôts bancaires, la FDIC.
Les reproches ont également fusé côté républicains: “Le résultat de cet échec place le secteur bancaire dans un état de désarroi que nous n’avions jamais vu auparavant. Malgré toute la préparation et les outils à votre disposition, la FDIC a échoué à faire son travail”, a déploré Bill Hagerty. La FDIC et la Fed ont toutes les deux annoncé des rapports sur le sujet. La FDIC va mener “un examen complet du système de garantie des dépôts et publiera d’ici au 1er mai 2023 un rapport”, a souligné Martin Gruenberg, le président de la FDIC.
Aux Etats-Unis, les dépôts bancaires sont protégés par la FDIC jusqu’à 250.000 dollars par établissement et par client. Récemment, des banques américaines ont demandé la couverture de l’ensemble des dépôts.
“Cas d’école”
L’autorité va également publier un second rapport, sur “la supervision de Signature Bank par la FDIC”. “Les circonstances entourant les faillites de SVB (Silicon Valley Bank) et de Signature Bank méritent un examen approfondi par les régulateurs et les décideurs”, a déclaré M. Gruenberg
Le rapport de la Fed doit également être publié le 1er mai. Le vice-président de l’institution à la régulation bancaire, Michael Barr, a lui estimé que la faillite de SVB était “un cas d’école de mauvaise gestion” de la part de la direction de l’entreprise.
“Je pense que c’est évidemment une mauvaise gestion des risques de ne pas avoir de (responsable de la gestion des risques) dans l’entreprise”, comme c’était le cas de SVB depuis plusieurs mois au moment de sa chute, a ajouté le vice-président de la Fed.
“Les superviseurs avaient dit à l’entreprise au cours de l’été qu’ils avaient des lacunes en matière de gouvernance et de contrôle au niveau de la direction, au niveau du conseil d’administration et que cela était lié à leur incapacité à gérer correctement les risques”, a-t-il souligné.
M. Barr a été l’un des architectes de la loi Dodd-Frank, votée après la crise financière de 2008-2009 pour mieux encadrer l’activité des grandes institutions bancaires américaines, et ensuite détricotée en 2018 par l’ancien président Donald Trump.