Les promesses de Donald Trump: que peut-il réaliser et que ne peut-il pas ?
Voici l’échelle de plausibilité des promesses de Trump. Un guide pratique en cinq points pour savoir dans quels domaines Donald Trump aura les coudées franches (ou pas).
Le 47e président des États-Unis sera moins bridé que ne l’était le 45e, bien qu’il s’agisse de la même personne. Donald Trump bénéficiera de plus de déférence de la part de ses collaborateurs, de son parti et des tribunaux que lors de son premier mandat. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de limites à son action. Dans quels domaines peut-on s’attendre à ce qu’il ait les coudées franches en 2025, et dans quels domaines aura-t-il plus de mal à s’imposer ? Durant sa campagne, Trump a publié un document rassemblant 20 grandes priorités politiques. Une manière pratique de réfléchir à l’autorité et aux contraintes présidentielles consiste à les classer selon une échelle de plausibilité MAGA allant de 5 (certain de se produire) à 1 (certain de ne pas se produire).
Dans la catégorie n°5, on retrouve la promesse de “faire de l’Amérique le producteur d’énergie dominant”. Un critère qui est déjà rempli puisque le pays produit plus de barils de pétrole que n’importe quel autre pays, et est déjà le producteur dominant. Il en va de même pour la promesse d’apporter à l’Amérique “des niveaux records de succès” : sur base de nombreux critères économiques, c’est déjà le cas.
Les promesses de la catégorie n°4, celle des très probables, comprennent les engagements à supprimer l’obligation d’achat de véhicules électriques, qui peut être annulée par un simple décret présidentiel, et à réduire les réglementations coûteuses, qui dépendent en grande partie dans la bureaucratie fédérale que Trump s’est engagé à démanteler avec l’aide d’Elon Musk. La promesse de maintenir le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale émarge également à cette catégorie, de même que celles de ne pas réduire Medicare ou la sécurité sociale, ni relever l’âge de la retraite. Le contrôle du Congrès devrait aussi lui permettre de prolonger ses réductions d’impôts de 2018.
“La plus grande opération de déportation de l’histoire américaine”
Dans la troisième catégorie, celle des promesses qui seront probablement tenues, figurent pêle-mêle celle d’augmenter fortement les droits de douane sur les importations ou encore celle de “tenir les hommes à l’écart des sports féminins”. Cette dernière sera, certes, difficile à mettre en œuvre, mais l’administration entend publier un décret présidentiel interdisant la participation des filles transgenres au sport féminin dans les écoles et universités qui reçoivent des fonds du gouvernement fédéral.
Dans la catégorie n°2, les promesses possibles mais moins probables, se trouve celle de “mener la plus grande opération de déportation de l’histoire américaine”. Le record récent du nombre de personnes expulsées en une seule année est détenu par l’administration Obama : 400.000. En 1954, l’administration de Dwight Eisenhower aurait déporté un peu plus d’un million de personnes, un chiffre qui paraît difficile à atteindre. “Sceller la frontière” sera également complexe à mettre en œuvre.
Enfin, dans la catégorie n°1, les promesses les moins susceptibles d’être mises en œuvre en 2025, on retrouve la promesse de Trump de rendre les campus universitaires à nouveau patriotiques, une conception qui semble avoir davantage sa place en Chine qu’aux USA, celle de “rétablir la paix en Europe et au Moyen-Orient, et de construire un grand bouclier antimissile Iron Dome aux États-Unis”. Si Donald Trump parvient à mettre fin à la guerre en Ukraine sans capituler devant la Russie, et à instaurer une paix durable entre Israël et Palestiniens, il pourrait laisser un héritage qui dépasse celui de n’importe quel président depuis Ronald Reagan. C’est une chose à laquelle il faut aspirer.
Par John Prideaux, rédacteur en chef pour les États-Unis de “The Economist”
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