Le président américain a préfacé la venue de Zelensky et des Européens à la Maison Blanche en rappelant qu’il n’était pas question d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Après le “sommet de la honte” entre les présidents américain et russe, des questions cruciales se posent sur les concessions territoriales ou les garanties de sécurité.
Le président américain, Donald Trump, a préfacé à sa manière la venue ce lundi à la Maison Blanche du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, accompagné de dirigeants européens.
“Un grand jour à la Maison Blanche, écrit-il sur son réseau social. Jamais reçu autant de leaders européens en même temps. Mon grand honneur de les accueillir!”.
Et d’ajouter: “Le président d’Ukraine Zelensky peut arrêter la guerre presque immédiatement, s’il le veut, ou il peut continuer à se battre”. Et de préciser que la Crimée est revenue à la Russie sous Obama sans un tir et que l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est exclue.
Après le ‘sommet de la honte’ de vendredi en Alaska, quand Trump a reçu son ami “Vladimir” avec des honneurs démesurés, la rencontre de ce lundi s’apparente à un traquenard. Les contours de l’accord Trump – Poutine sont encore flous et l’unité européenne sera bien nécessaire pour tenter de peser sur les événements.
Concessions territoriales
Le président ukrainien rencontrera Donald Trump à partir de 19h, heure belge. Le moment sera à la fois décisif et tendu. Personne n’a oublié l’humiliation réservée à Zelensky par Donald Trump et son vice-président, J.D Vance, en février dernier.
Le piège consiste cette fois à présenter à l’Ukraine un accord quasiment à prendre ou à laisser, contenant des concessions territoriales importantes. Selon les informations qui ont fuité du sommet d’Alaska, il semblerait que Trump et Poutine se soient entendus sur un cession complète des oblasts de Lougansk et surtout de Donetsk à la Russie, tandis que la ligne de front serait figée ailleurs.
En d’autres termes, il s’agirait de céder l’intégralité du Donbass, alors que la Russie n’occupe actuellement que 69% de l’oblast de Donetsk. C’est inacceptable pour un Volodymyr Zelensky ne pouvant céder de territoires en vertu de sa Constitution et qui a mené des milliers de soldats à la mort pour défendre ces terres.
“Nous avons tous le profond désir de mettre fin à cette guerre rapidement et de manière fiable, souligne le président ukrainien à son arrivée à Washington. Et la paix doit être durable. Pas comme il y a quelques années, lorsque l’Ukraine a été contrainte de céder la Crimée et une partie de son territoire Est, notamment le Donbass, et que Poutine s’en est simplement servi comme tremplin pour lancer une nouvelle attaque.”
Et d’ajouter: “Bien sûr, la Crimée n’aurait pas dû être abandonnée à l’époque, tout comme les Ukrainiens n’ont pas abandonné Kiev, Odessa ou Kharkiv après 2022“.
Tout au long du week-end, les proches de Trump se son relayés pour insister sur le fait que la Russie faisait aussi des concessions, sans les préciser toutefois.
Garanties de sécurité
L’autre enjeu de taille concerne les garanties de sécurité offertes à l’Ukraine pour faire respecter un éventuel accord de paix.
Les Américains se disent prêts à participer à de telles garanties “de type Otan”, mais sans adhésion à l’Otan. Ils promettent, par ailleurs, que Poutine s’engagera par écrit à ne plus attaquer l’Ukraine ou tout autre pays européen, mais cette promesse-là semble plus floue encore.
Tout au long du week-end, des concertations ont lieu entre les pays de la Coalition des Volontaires pour accorder leurs violons. Celle-ci rassemble les pays européens prêts à participer à une présence militaire pour assurer la paix, en compagnie du Canada et de l’Australie.
“Toute paix durable devra s’accompagner de garanties de sécurité indéfectibles, insistait dès samedi le président français, Emmanuel Macron. Je salue, à cet égard, la disponibilité des États-Unis à y contribuer. Nous y travaillerons avec eux et avec tous nos partenaires de la Coalition des volontaires. Il sera aussi essentiel de tirer toutes les leçons de ces 30 dernières années, et en particulier de la propension bien établie de la Russie à ne pas tenir ses propres engagements.”
En se présentant à la Maison Blanche, Zelensky et les Européens veulen mettre en avant leur unité pour tenter d’impressionner Donald Trump. Ils ne veulent pas être des oiseaux pour le chat.
Mais la mémoire du tapis rouge et des applaudissements de Trump lors du sommet de l’Alaska resteront, sans aucun doute, tapis dans un coin de leur tête.