Trump menace d’annuler la pause et de réappliquer les droits de douane pour les pays qui ne négocient pas de “bonne foi”. De quoi accroître encore l’incertitude dans l’économie mondiale.
Le 9 avril, Donald Trump a suspendu pour 90 jours les droits de douane élevés qu’il avait décrétés le 2 avril. Quarante jours se sont désormais écoulés… et pour certains pays, les taxes pourraient déjà faire leur retour. C’est ce qu’a annoncé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, ce dimanche, lors d’une interview télévisée. Les pays visés sont ceux qui, selon lui, ne négocieraient pas de “bonne foi”.
Il n’a pas précisé quels pays étaient concernés, ni quand ils seraient notifiés, ni même ce que recouvre ici la notion de “bonne foi”. Entre les lignes, il semblerait qu’il s’agisse de pays avec lesquels les négociations prennent du temps – Bessent estime que le calendrier de conclusion des accords dépend de la “bonne foi” des partenaires. Et pour faire avancer les choses, l’Oncle Sam brandit la menace : « Ils vont recevoir une lettre disant “voici le taux”. Je m’attends donc à ce que tout le monde vienne négocier de bonne foi », indique Bessent, ajoutant que ces taux seront probablement ceux du 2 avril, qui variaient selon les pays.
On peut se demander si l’Union européenne (UE) est, elle aussi, visée par ces menaces. Elle est depuis longtemps l’une des cibles préférées de Donald Trump et de son équipe, et ce n’est pas la première fois que les États-Unis se plaignent de négociations jugées “lentes” avec l’UE. Les dirigeants européens, de leur côté, refusent de se précipiter et d’accepter un accord déséquilibré simplement pour conclure rapidement.
Incertitude
Ces nouvelles menaces ne vont pas améliorer les perspectives économiques. Elles sont déjà assombries par l’instauration des droits de douane, et ce va-et-vient imprévisible dans les décisions ne fait qu’aggraver le climat d’incertitude. C’est aussi le signe que la situation ne devrait pas gagner en clarté dans les mois à venir. Scott Bessent décrit d’ailleurs le leitmotiv de Donald Trump – celui de reforger les relations économiques pour les rendre plus favorables aux États-Unis et inverser le déficit commercial – comme le moyen d’entretenir une “incertitude stratégique”.
C’est aussi un nouveau coup porté à la crédibilité des États-Unis. La confiance envers le pays est déjà en net recul cette année – comme en témoigne la chute du dollar, par exemple – et ces revirements incessants ne feront que creuser ce déficit de confiance.