“Les droits de douane agités par Trump seront probablement un levier de négociation plutôt qu’un objectif en soi”

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Un relèvement trop rapide des droits de douane risque de freiner la croissance et d’entraîner une hausse des prix aux Etats-Unis, ce qui irait à l’encontre des objectifs du nouveau président américain, estime Nicolas Heusicom, stratégiste au sein de la banque privée Puilaetco.

Malgré la signature de dizaines de décrets et une offensive sans précédent destinées à endiguer et enrayer l’immigration aux États-Unis, le nouveau président américain ne s’est pas montré aussi agressif que prévu à l’égard de l’Europe. Le rebond des marchés européens, ces derniers jours, en atteste.

Nicolas Heusicom, stratégiste au sein de la banque privée Puilaetco. © D.R.

Les Européens peuvent-ils dès lors être rassurés ? “Les marchés se sont plutôt en effet bien comportés, aidés par un démarrage plutôt positif de la saison des résultats du quatrième trimestre 2024, à commencer par ceux des grandes banques américaines, et par des annonces d’investissement dans le secteur de l’intelligence artificielle, dont le nouveau projet “Stargate” centré sur un investissement de plus de 500 milliards de dollar pour le développement de de l’IA aux Etats-Unis. Les marchés européens ont quant à eux été soutenus par une posture moins offensive que prévue sur la question des droits de douane les concernant”, commente Nicolas Heusicom, stratégiste auprès de la banque Puilaetco.

Certes, reconnaît Nicolas Heusicom, cette situation est évidemment de nature à évoluer lors des prochaines semaines et prochains mois. Mais, ajoute-t-il, “Trump s’est pour le moment principalement tourné vers l’Amérique, en envisageant des taxes de 25 % au Mexique et au Canada dès le 1er février, ainsi que vers la Chine, où une taxe de 10 % a pour le moment été mentionnée, alors que Trump n’a pas cessé d’évoquer pendant ses discours de campagne un niveau de tarifs douaniers nettement supérieurs, allant jusqu’à 60 %. Donc là aussi, même à l’encontre de la Chine, Donald Trump se montre moins hostile que ce que l’on aurait pu imaginer, du moins pour le moment”, observe l’expert de Puilaetco.

Des droits de douane trop agressifs pourrait avoir des conséquences néfastes

En réalité, explique Nicolas Heusicom, l’administration Trump sait très bien que l’instauration de droits de douane trop agressifs pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’économie américaine et donc sur les consommateurs du pays, ce que Trump ne veut absolument pas. “Raison pour laquelle nous pensons que les droits de douane seront probablement un outil de négociation plutôt qu’un objectif, dit Nicolas Heusicom. En effet, un relèvement trop rapide des droits de douane risque de freiner la croissance et d’entraîner une hausse des prix, ce qui irait à l’encontre des objectifs de Trump visant à stimuler la croissance et à maîtriser l’inflation. L’objectif de ces droits de douane sera probablement de faire pression sur d’autres dossiers, comme l’immigration et le contrôle aux frontières par exemple”, complète le spécialiste de Puilaetco.

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