Les 6 déclarations fortes de Bart De Wever à l’issue d’un Sommet européen très chargé

Bart De Wever - ANP JONAS ROOSENS/Belga Image
Baptiste Lambert

Renforcement de la défense européenne, aide à l’Ukraine, gel des avoirs russes, prochain budget ou encore compétitivité l’UE, le menu du Sommet européen, organisé jeudi à Bruxelles, était copieux. Au bout de ce marathon, Bart De Wever s’est exprimé longuement auprès des journalistes. Le Premier ministre a été fidèle à lui-même : réaliste et grinçant.

1. “On est loin de vraies négociations”

En salle de presse, Bart De Wever a d’abord évoqué la situation en Ukraine. Elle n’est pas aussi catastrophique que le décrivent le Kremlin et Washington, a expliqué Volodymyr Zelensky, en préface du Sommet, par visioconférence.

Alors que les Etats-Unis discutent avec la Russie pour un cessez-le-feu, le Premier ministre estime “qu’on est loin de vraies négociations. Il y a des pourparlers, mais des négociations, ce sont deux parties qui se mettent une table, il y a un cadre, un calendrier, de la médiation pour arriver à un but. Je suis un politicien belge, je connais la différence entre parler et négocier, a expliqué le chef de l’exécutif, dont les propos ont été rapportés par La Libre.

2. “On se sent comme un profiteur”

Lors de ce sommet, il a aussi été question du réarmement de l’Europe. Comme annoncé, la Commission a mis sur la table plusieurs options qui pourraient aboutir à une enveloppe de 800 milliards d’euros. Les moyens pour la dégager diffèrent encore entre les États membres. Certains proposent un nouvel emprunt commun, comme la France.

“Ce n’est pas un clivage dans la volonté de réarmer l’Europe, a expliqué Bart De Wever sur La Première, mais plutôt un clivage entre ceux qui l’ont déjà fait et ceux qui sont en train de le faire. C’est pénible qu’un pays soit presque à 5% et la Belgique à 1,3%. On se sent un petit peu comme un profiteur”.

3. “Le débat sur le budget sera très, très difficile”

Le Premier ministre a préfacé les prochaines discussions budgétaires de l’Union européenne. Une première ébauche aura lieu dès cet été pour établir le budget pluriannuel 2028-2034. Bart De Wever n’est vraiment pas optimiste et a flingué ce qui a été fait précédemment. Il vise en particulier le plan de relance post-Covid, NextGenEU, doté de 750 milliards d’euros, qu’il faudra en partie rembourser, dès 2028, à hauteur de 20 milliards par an, sur un budget de 180 milliards.

Je n’étais pas chaud pour ce plan de relance, le résultat est décevant : l’absorption des fonds est lente, les charges administratives lourdes, les projets ne contribuent pas vraiment à la relance, sans parler des doubles usages de fonds… À l’époque, on avait dit qu’on allait trouver des moyens pour rembourser le plan. On n’en a pas trouvé ! », a déclaré le Premier ministre, dans des propos rapportés par Le Soir.

Quand on est au fond du puits, il faut arrêter de creuser“, a-t-il ajouté.

4. “Je pense qu’il va m’inviter”

À l’issue du Sommet, le président français Emmanuel Macron a suggéré la tenue d’une nouvelle réunion à Paris la semaine prochaine en présence de Volodymyr Zelensky. La fameuse coalition of the willing à laquelle la Belgique n’avait pas été invitée, à Londres, il y a plusieurs semaines.

“Je pense qu’il va m’inviter”, a répondu à Belga le Premier ministre. “Mais pour faire quoi ?”, a-t-il ajouté immédiatement. “J’ai plaidé pour plus de structure dans ce groupe. M. Macron a pris la main, je lui en suis très reconnaissant parce qu’il a montré le visage de l’Europe au moment où on avait vraiment besoin d’un visage de pouvoir, alors que Trump déteste les institutions de l’Union européenne. J’ai même demandé à Macron s’il ne voulait pas faire ça à temps plein, mais il m’a dit qu’il avait un pays compliqué à gérer… J’espère que cette structure va nous aider encore pour faire face à des défis non seulement militaires, mais aussi sur le plan économique, des tarifs… Ça reste à voir…”

5. “Confisquer la tirelire de Poutine est un non-sens”

En marge du Sommet, il a été décidé d’immobiliser les avoirs russes “jusqu’à ce que la Russie mette fin à sa guerre d’agression contre l’Ukraine et la dédommage pour les dégâts causés par cette guerre”, stipulent les conclusions du Conseil européen publiées jeudi.

On sait que la pression s’accentue pour utiliser les 210 milliards d’euros qui sont gelés en Belgique, chez Euroclear, pour la reconstruction de l’Ukraine, voire le renforcement de la défense européenne. Bart De Wever a une nouvelle fois montré son opposition. “La possibilité de confisquer la tirelire de Poutine est un non-sens et un acte dangereux”.

Il faut être extrêmement prudent, certainement en tant que Belge”, a-t-il souligné pour Belga, pointant les risques juridiques, financiers, voire systémiques d’une confiscation de cet argent. Les montants immobilisés représentent près de la moitié de notre PIB, a-t-il invoqué. “Sans parler du fait que confisquer des moyens souverains d’une banque centrale est un acte de guerre”, a-t-il ajouté.

6. “Le sentiment général, c’est qu’il faudra en faire plus”

Ce sommet européen, on l’aurait presque oublié, était surtout centré sur la compétitivité de l’Union européenne. Parce que l’Europe doit aussi se guérir de l’intérieur. Rappelons par exemple que l’UE souhaite réduire la bureaucratie de 25% pour toutes les entreprises, et de 35% pour les PME d’ici la fin de la législature en 2029.

“Le sentiment général, c’est qu’il faudra en faire plus”, a martelé le Premier ministre à l’issue des conclusions sur ce volet. Toujours en ligne de mire : l’Union des capitaux, pour transformer l’énorme manne financière (33.000 milliards d’euros) que constitue l’épargne privée des Européens pour l’économie européenne, et l’Union de l’énergie, grâce à une électrification ambitieuse et des investissements dans les réseaux, le stockage et les interconnexions.

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