L’échec de Merz est préoccupant pour l’Allemagne, l’Europe et l’économie, même s’il n’est pas définitif: un nouveau vote prévu


Pour la première fois depuis la guerre, un chancelier allemand n’est pas élu au premier tour, en dépit d’une majorité confortable. Son parti voulait organiser un deuxième tour rapidement: il aura lieu ce mardi après-midi encore. Mais les marchés chutent et le signal envoyé est mauvais. L’extrême droite pavoise. L’Europe est inquiète.
Pour une surprise, c’en est une, fameuse. Friedrich Merz, appelé à devenir le nouveau chancelier allemand, n’a pu être élu au premier tour lors du vote au parlement, ce mardi. C’est la première fois dans l’histoire allemande qu’un tel épisode arrive.
Sa majorité alliant conservateurs et sociaux-démocrates était confortable. Pourtant, Friedrich Merz n’a obtenu que 310 voix sur 621 exprimées et 630 députés au total, selon la présidente du Bundestag, le parlement allemand. Il lui en aurait fallu 316 pour être élu.
La claque est telle que les marchés ont immédiatement réagi à la baisse. La CDU a immédiatement réclamé un nouveau vote, qui aura lieu ce mardi après-midi encore.
La rigueur budgétaire en question
Pourquoi un tel faux départ? Le candidat conservateur n’est pas populaire dans son propre camp. Surtout, son départ en fanfare a braqué certains de ses partisans, singulièrement en raison de l’abandon de la rigueur budgétaire qui est fondatrice de l’économie allemande depuis des décennies.
Nombreux son ceux qui lui ont reproché d’avoir assoupli le “frein à la dette” qui limite dans la Constitution les déficits publics. C’était une nécessité pour financer le plan de réinvestissement dans l’armée. Mais la négociation a également donné lieu à l’importantes concessions au SPD pour financer un plan d’investissements.
Quand l’hebdomadaire britannique saluait “un début fantastique pour Friedrich Merz”, l’adhésion s’érodait en Allemagne mêle. “Jamais un chancelier n’aurait débuté avec un niveau de confiance aussi bas“, soulignent les politologues.
L’extrême droite pavoise
Le contexte politique est, en outre, délétère avec la progression historique de l’extrême droite aux législatives, soutenue, qui plus est, par le camp trumpiste. La question sécuritaire s’est imposée au centre de l’agenda après plusieurs attentats terroristes.
C’est peu dire que l’Afd pavoise. “Nous sommes prêts à assumer la responsabilité gouvernementale, a déclaré Alice Weidel, codirigeante de ce parti M. Merz devrait démissionner immédiatement et la voie devrait être ouverte à de nouvelles élections dans notre pays”.
Un second tour, vite
Ce scénario d’élections anticipées, les partis de la future coalition veulent absolument l’éviter.
Le secrétaire général de la CDU, Carsten Linnemann, n’excluait pas un second tour pour l’élection de Friedrich Merz au poste de chancelier dès ce mardi. “Nous allons maintenant vers le deuxième tour et, espérons-le, peut-être même encore aujourd’hui”, a déclaré Linnemann à la chaîne ARD. Son appel a été entendu.
Le parlement dispose de quatorze jours au maximum pour élire le chancelier. Mais même s’il finit par être désigné, M. Merz ne devrait toutefois plus disposer d’une latitude suffisante pour mener ses réformes et porter les investissements nécessaires, soulignent les analystes financiers.
C’est peu dire que l’Europe retient son souffle, alors que les élections en Roumanie ont porté haut l’extrême droite au premier tour et que la contexte intentational est plus incertain que jamais.
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