Le triple jeu de dupes des négociations de paix, d’une force militaire en Ukraine et… des investissements pour la défense

Volodymyr Zelensky, le 16 avril: incertitude et jeux de dupes. (Credit Image: © Ukraine Presidency/Ukrainian Pre/Planet Pix via ZUMA Press Wire)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les discussions se poursuivent tous azimuts au sujet de la volonté américaine de cesser les hostilités entre Moscou et Kiev, mais le point de départ est tronqué. Quant aux velléités européennes d’intervenir pour sécuriser un cessez-le-feu, elles piétinent sur fond d’hésitations stratégiques. L’industrie, elle, attend. Un climat de “drôle de guerre”.

Les discussions se multiplient sous différents formats pour tenter de mettre un terme au bain de sang en Ukraine. En vain, tant le président russe, Vladimir Poutine, semble déterminé à poursuivre son offensive, tandis que la détermination du président américain, Donald Trump, à le faire plier ne paraît guerre évidente.

Plus fondamentalement, un triple jeu de dupes est en cours, concernant également les négociations sur une force d’interposition ainsi que sur les investissements en matière de défense.

“Un couloir sans fin”

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, accompagné de l’émissaire des Etats-Unis pour l’Ukraine Keith Kellogg, rencontre ce jeudi le président Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot pour des discussions portant notamment sur le conflit en Ukraine. L’émissaire spécial de Donald Trump Steve Witkoff est également attendu. Une délégation ukrainienne se trouve également à Paris.

Objectif? “Ces différentes rencontres permettront de faire le point sur les négociations de paix visant à mettre fin à l’agression russe de l’Ukraine. Elles feront suite aux conversations du président de la République avec le président Trump et aux travaux menés dans le cadre de la coalition des volontaires”, a indiqué la présidence française.

“L’enchaînement de sommets et réunions à tous les niveaux entre les alliés occidentaux de Kiev ressemble de plus en plus à un long couloir sans fin, constate le quotidien Le Monde. La cause majeure de cette paralysie est connue: l’absence totale de visibilité sur les discussions entre Moscou et Washington dont ils demeurent exclus.”

Un triple jeu de dupes

Trois jeux de dupes sont en cours.

Le premier, c’est ce chassé-croisé entre Donald Trump et Vladimir Poutine donnant l’impression que le locataire de la Maison Blanche a, en réalité, endossé le narratif russe. Après les récents bombardements russes contre des civils, il a minimisé en parlant d’erreur. Aucune pression n’est mise sur Moscou, alors que l’agression se poursuit sans relâche. Résultat: les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu général organisés par Washington piétinent, plus de trois ans après le début de l’invasion russe en février 2022.

Ce jeudi 16 avril, la propagande russe tourne encore. “Malheureusement, ce que nous voyons de la part des Européens, c’est une focalisation sur la poursuite de la guerre”, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien.

Le deuxième concerne les discussions initiées entre alliés, singulièrement entre Paris et Londres au sujet d’une force d’interposition en cas de cessez-le-feu. Tout d’abord parce que le cessez-le-feu ne vient pas, pour ne pas parler d’une “paix durable”. Mais un autre obstacle concerne les divergences de vue entre les protagonistes. Les Français soutienennt une option terrestre. Les Britanniques, de leur côté, préféreraient un scénario moins frontal, mêlant moyens aériens et navals, alors que leur armée de terre dispose d’effectifs très limités, précise Le Monde. Politiquement aussi, l’enjeu d’une telle force est ultra sensible.

Troisième jeu de dupes: l’Union européenne a annoncé des investissements massifs dans la défense, mais encore faut-il savoir dans quel contexte et pour quelles priorités. “Ni les sources de financement de ce réarmement (dette, avoirs russes ou fonds privés) ni le fléchage de cette manne potentielle (achat d’armement en commun, équipement européen ou américain, etc.) ne font consensus”, soulige le quotidien.

Résultat? “Du côté européen, beaucoup d’Etats ont poussé depuis 2022 leurs industriels à monter en cadence. Peu ont réellement pris ce risque. Mais pour ceux qui ont joué le jeu, le carnet de commandes reste parfois moins rempli qu’espéré.”

En attendant, le sentiment prévaut que nous sommes dans une “drôle de guerre”. Etrange période.

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