Le Rwanda rompt ses relations diplomatiques avec la Belgique

Le Rwanda a annoncé ce lundi qu’il rompait ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant Bruxelles d’avoir pris parti contre Kigali dans le conflit en cours à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette annonce survient après l’adoption par le Conseil de l’UE de sanctions visant 10 personnes jugées responsables de la situation dans l’est de la RDC. La Belgique a joué un rôle actif dans ces sanctions, plaidant en faveur de mesures contre le Rwanda, accusé de soutenir le groupe M23.
Le Rwanda dénonce une “ingérence néocoloniale”
Le Rwanda, lui, accuse la Belgique de tenter de “maintenir ses illusions néocoloniales”. Le gouvernement rwandais répète également des accusations contre la Belgique, dont “le rôle historique destructeur dans la création d’un extrémisme ethnique (…) a conduit au génocide contre les Tutsi en 1994”.
Tous les diplomates belges présents au Rwanda sont tenus de quitter le pays dans les 48 heures, selon Kigali. La Belgique, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot, a immédiatement regretté une décision “disproportionnée”. “Cela montre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, ils préfèrent ne pas s’engager dans le dialogue”, a commenté M. Prévot sur les réseaux sociaux.
La décision du Rwanda n’est pas restée sans réponse. Le Ministre Maxime Prévot a décidé de prendre des mesures de réciprocité : convocation du chargé d’affaires par intérim du Rwanda, déclaration des diplomates rwandais persona non grata avec ordre de quitter le territoire dans un délai de 48 heures et dénonciation de nos accords bilatéraux de coopération gouvernementale (sur base de l’article 11.3).
Des puissances occidentales déjà engagées contre Kigali
D’autres puissances occidentales, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, ont déjà sanctionné le Rwanda et le M23 ces dernières semaines. Washington a même listé l’ancien ministre de la Défense James Kabarebe, un homme clé du pouvoir rwandais. Mais des pays de l’UE étaient réticents à viser si haut et le nom de ce dernier ne figure pas dans la liste des personnes sanctionnées, publiée ce lundi à la mi-journée au Journal officiel de l’UE.
Y figurent en revanche le leader de la branche politique du M23, le Congolais Bertrand Bisimwa, ainsi que le commandant des forces spéciales rwandaises déployées à l’est de la RDC, le général-major Ruki Karusisi, et d’autres militaires rwandais et congolais.
Le patron de Rwanda Mines, Petroleum and Gas Board (RMB), Francis Kamanzi, est également sanctionné. Les minerais continuent d’être exploités dans les zones contrôlées par le M23 et font l’objet d’un trafic vers le Rwanda, où ils sont mêlés à la production rwandaise, explique l’UE. C’est pour cette raison aussi que la raffinerie d’or de Gasabo, basée à Kigali, est également placée sur la liste des sanctions de l’UE.
Le protocole d’accord sur les minerais en question
Le Parlement européen avait réclamé le mois dernier la suspension du protocole d’accord sur les minerais, signé l’an dernier par l’UE avec le Rwanda. La Commission européenne n’a jusqu’ici annoncé que sa révision. Ce protocole est dénoncé par la RDC comme un incitant à la poursuite du pillage des riches ressources de l’est du pays en coltan, nickel, cobalt ou cuivre. Le Rwanda réfute et dit se défendre contre l’insécurité venue de cette région.
Autre mesure qui reste sur la table de l’UE, un gel de l’aide de l’UE aux forces rwandaises qui assistent le Mozambique dans sa lutte antiterroriste dans la province du Capo Delgado. Le principe de cette aide n’est pas mis en question, mais bien le timing du versement d’une nouvelle tranche.
Sur le terrain, le M23 a annoncé ce lundi envoyer une délégation à Luanda où la présidence angolaise a annoncé la tenue mardi de pourparlers de paix entre le groupe armé et Kinshasa.
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