Le plan de bataille de l’Europe pour faire face aux USA et à la Chine
Ce mercredi, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, détaillera le plan d’actions de l’Europe pour les 5 prochaines années. Deux objectifs principaux : rattraper les États-Unis et s’accommoder de la concurrence chinoise. Plus que des mots, les 27 devront surtout parler d’une seule voix.
Le mal de l’Europe a été largement documenté par les rapports d’Enrico Letta et de Mario Draghi. Le moment est à l’action, alors que la vague Donald Trump déferle sur le monde. Le président américain est visiblement beaucoup mieux préparé qu’en 2017 et signe ses décrets à la pelle, sans avoir à disserter avec 26 partenaires.
Ce mercredi, l’inaudible Ursula von der Leyen devra se faire entendre. Elle présentera le plan d’actions européen – “la Boussole de la compétitivité européenne” – dont on connait déjà les grandes lignes. En résumé : simplifier, adapter et rattraper.
Simplification réglementaire
Les États-Unis créent, la Chine copie, l’Europe régule. Ce cliché n’a malheureusement jamais été aussi vrai. Simplifier : c’est désormais l’un des principaux chantiers de la machinerie européenne.
La présidente de la Commission en avait déjà touché un mot au Forum économique de Davos et devant le Parlement européen. “Un nombre bien trop élevé d’entreprises s’abstient d’investir en Europe à cause des formalités administratives inutiles“, avait-elle asséné. Beaucoup d’entreprises ont choisi d’investir en dehors de l’Europe, vers des marchés de croissance dont les États-Unis font partie. L’IRA a bien sûr servi de catalyseur.
Concrètement, il est question de lancer la directive “omnibus”. Il s’agit d’un projet de loi qui vise à réduire la bureaucratie et à faciliter la vie des entreprises. Il est notamment prévu de diminuer de 37,5 milliards d’euros les charges administratives.
L’intention est également de réduire les obligations de reporting de l’application de la législation européenne de 25% pour les grandes entreprises et de 35% pour les PME. Il s’agit par exemple de l’obligation de publier des informations en matière de durabilité.
Adapter le Green Deal
La transition verte, justement, devra mieux s’adapter à la réalité. Celle d’un continent en constant déclin industriel. L’un des objectifs de la Commission pour les 5 prochaines années est de pouvoir combiner le Green Deal et le Clean industrial Deal. Le but est de rendre l’Europe attractive pour l’industrie, avec une énergie verte et bon marché.
Pour la première fois, le solaire a dépassé le charbon dans la production d’électricité. Les énergies renouvelables ont représenté près de la moitié de la production, en 2024. C’est encourageant.
Pas le choix : le prix du gaz oscille entre 50 et 60 euros le MWh pour l’industrie européenne, là où il est de 30 à 40 euros pour l’industrie chinoise et de 10 à 20 euros pour l’industrie américaine. Mais l’Europe doit aller vite : le MWh d’électricité est pour le moment deux fois plus cher en Europe qu’aux États-Unis et en Chine.
Mais plutôt que de sanctionner les industries qui auraient du retard dans leur décarbonation, l’intention serait plutôt d’encourager les bons élèves. Par exemple, en leur donnant des incitations financières ou un accès favorisé aux marchés publics.
Rattraper le retard
Il est surtout question ici d’innovation. Le retard de l’Europe en termes d’investissements dans les nouvelles technologies ne cesse de se creuser : 353 milliards d’euros, contre 865 pour les États-Unis et 1.575 pour la Chine en 2024. L’Europe dépose de nombreux brevets, mais ne les exploite pas commercialement.
L’objectif est de créer un marché des capitaux. L’épargne des Européens dort sur les comptes en banque, presque deux fois mieux garnis que les comptes d’épargne américains : 1.400 milliards contre 800 milliards d’euros.
L’objectif est également de faire croître les investissements dans la recherche et le développement de 2 à 3% du PIB européen, contre 3,4% aux Etats-Unis.
Enfin, on peut évidemment citer l’IA. Cette semaine, la Chine a prouvé à la face du monde, avec DeepSeek, qu’un retard dans ce segment n’était pas irrécupérable. Par contre, avec son investissement de 500 milliards de dollars, les États-Unis ne comptent assurément pas faire du surplace.
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