Le pari à 600 milliards contre la dette américaine

Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Alors que la Réserve fédérale doit décider aujourd’hui si elle laisse ses taux inchangés, une tempête pourrait se préparer au-dessus du marché des obligations américaines.

Voici quelques jours, ce lundi 18 septembre, deux économistes de la Banque des règlements internationaux (BRI), la banque des banques centrales, ont publié un article sur le fait que les fonds spéculatifs auraient accumulé des positions vendeuses sur les obligations américaines totalisant un montant net de 600 milliards de dollars. Ces spéculateurs auraient vendu à l’avance des contrats à terme, essentiellement sur les obligations américaines à deux ans, en pariant sur le fait que ces contrats étaient surévalués aujourd’hui et qu’ils allaient retomber au fur et à mesure qu’ils se rapprocheront de leur échéance.

Pétrole et endettement

Si les spéculateurs s’en donnent à cœur joie, c’est parce que le marché des obligations américaines est devenu très nerveux. D’abord parce que les taux, poussés par l’inflation, ont atteint les niveaux les plus élevés depuis plus de 15 ans. Et la décision de l’Arabie saoudite, de la Russie et d’autres pays pétroliers de réduire leur production d’or noir pour soutenir le cours du baril a jeté une nouvelle incertitude sur l’évolution future, non seulement des prix de l’énergie, mais de l’ensemble des prix des biens et des services. Parviendront-ils à s’assagir ou est-on parti pour un second tour d’inflation, un peu comme lors des deux chocs pétroliers il y a une quarantaine d’années.

Et puis, il y a aussi une crainte sur la progression de l’endettement des États-Unis. La dette américaine continue d’augmenter en raison des dépenses militaires et des dépenses sociales initiées par le gouvernement Biden lors de la crise sanitaire. Et avec l’Inflation Réduction Acta, les pouvoirs publics américains ont aussi délient aussi les cordons de la bourse pour soutenir leurs entreprises. L’encours de l’endettement fédéral dépasse désormais les 33 trillions de dollars (soit 33.000 milliards). Certaines estimations font dire que si l’emballement n’est pas contraint, d’ici une vingtaine d’années, les États-Unis devraient supporter une dette qui pèserait alors 150% du PIB.

Tout cela alimente donc des positions spéculatives qui, souligne la BRI, atteignent désormais le niveau de celles qui avaient été constatées en mars 2020, au plus fort de la crise sanitaire. Et la multiplication de ces paris à haut risque pourrait « perturber les échanges » sur le marché obligataire américain, qui pèse 25.000 milliards de dollars, avertit la BRI.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content