Le monde sera dans l’état le plus dangereux qu’il ait connu depuis la guerre froide
Le fossé, entre les menaces auxquelles le monde est confronté et la puissance américaine, va se creuser.
Lorsque l’administration Trump entrera en fonction début 2025, le monde sera dans l’état le plus dangereux qu’il ait connu depuis la guerre froide. L’affrontement entre l’Amérique et la Chine se fera toujours plus sentir, deux guerres régionales feront rage, une zone d’anarchie en Afrique continuera à s’accroître, le respect des lois internationales sera en déclin et quatre régimes autocratiques – la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord – resserreront leur pacte afin de saper le pouvoir occidental.
Il apparaîtra également clairement que l’Amérique est dangereusement surchargée. Les tensions étant visibles dans tous les domaines, depuis les faibles stocks de missiles jusqu’à une application des sanctions qui laisse à désirer.
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Pendant des années, on a dit que la force dominante était la rivalité sino-américaine. Cette rivalité est plus intense que jamais! Et à certains égards, l’administration Biden l’a bien gérée en créant des alliances asiatiques. Mais la grande surprise a été l’explosion des violences ailleurs. Le nombre de victimes de la guerre en Ukraine pourrait atteindre un million d’ici à la fin de 2025. Les manigances de l’Iran et les ravages à Gaza et au Liban menacent d’instabilité le Moyen-Orient pour une autre génération.
Un monde plus dangereux
Par rapport au début du premier mandat de Trump en 2017, une plus grande partie du monde opère dans une zone grise. Dans une évolution qui change la donne, les quatre autocraties collaborent dans le domaine des drones, du renseignement et de la lutte contre les sanctions. Elles repoussent les limites.
Bien sûr, ce monde plus dangereux s’explique en partie par des facteurs qui échappent au contrôle de l’Amérique, notamment l’évolution des idéologies des autocrates et la montée en puissance de nouveaux pouvoirs économiques. Mais Donald Trump et ses conseillers ont également raison de blâmer l’affaiblissement de la dissuasion. On a l’impression que l’Amérique hésite à déployer une puissance écrasante, à l’image du déploiement au compte-goutte des armes envoyées en Ukraine ou à la lutte pour le maintien de l’ordre en mer Rouge.
La part de l’Amérique dans le PIB mondial est de 26%. Les États-Unis accueillent environ la moitié de tous les modèles d’IA les plus importants. Les quatre autocraties seront confrontées à des crises de succession et luttent contre une productivité médiocre. La Chine et la Russie ont également des populations en baisse. Donald Trump peut adopter certaines politiques à long terme. De celles qui renforcent la puissance américaine, comme le rééquipement de l’industrie de la défense et l’augmentation des dépenses militaires. Mais le problème est que son isolationnisme et son protectionnisme mineront les alliances américaines. Au lieu de cela, l’administration Trump explorera des solutions rapides peu orthodoxes et parfois choquantes. Trump pourrait essayer de diviser les autocraties, comme l’Amérique l’a fait avec l’Union soviétique et la Chine. Séparer Vladimir Poutine de Xi Jinping serait l’accord ultime.
La politique de la corde raide de Trump, son incohérence et sa vulnérabilité face aux adversaires iront à l’encontre de son objectif de poursuivre “la paix par la force”. Le rétablissement à long terme de la puissance américaine exige des investissements et la constitution d’alliances qu’il ne pourra ou ne voudra probablement pas faire.
Par Patrick Foulis, rédacteur en chef pour l’international de “The Economist”
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