Le G7 exempte les États-Unis de la taxe minimum : tout le monde se couche devant Donald Trump

Donald Trump est en train de casser la confiance. © Getty Images
Baptiste Lambert

Samedi, la présidence canadienne du G7 a annoncé que les États-Unis seraient exemptés d’appliquer le taux d’imposition minimum des sociétés de 15 %. Dimanche, le gouvernement canadien a indiqué annuler une taxe visant les géants de la tech dans l’espoir d’un accord commercial. Tenter d’amadouer le locataire de la Maison Blanche, les pays européens de l’OTAN n’ont pas fait autre chose, la semaine dernière.

Est-on prêt à faire toutes les concessions pour ne pas énerver Donald Trump ? Les signaux sont de plus en plus clairs. Alors que le président américain est à la peine dans les sondages, sur le plan intérieur, il n’a jamais semblé aussi puissant à l’international. Tout le monde se couche pour éviter la foudre des tarifs douaniers.

Samedi, un communiqué de la présidence canadienne du G7 est passé quelque peu inaperçu. Il indiquait que les pays du G7 ont décidé d’exempter les États-Unis de l’application d’un taux d’imposition minimum des sociétés de 15%.

Pour rappel, l’impôt minimum a été négocié en 2021 par près de 140 pays dans le cadre de l’OCDE. Il visait à créer un système fiscal mondial plus équitable pour éviter l’évasion fiscale des grandes multinationales.

“Pathétique et scandaleux”

L’UE, le Canada, le Japon et le Royaume-Uni ont donc convenu d’exempter les États-Unis de cet impôt dans l’espoir d’éviter les contre-mesures de Washington. « C’est un 
compromis honorable
 car il nous épargne les représailles automatiques de l’article 899 de la One Big Beautiful Bill », a déclaré le ministre italien des Finances, Giancarlo Giorgetti, dont les propos ont été rapportés par Politico.

Il s’agit de ce qu’on appelle plus communément les “revenge taxes” contre les autres pays qui imposent des prélèvements prétendument « discriminatoires » aux entreprises américaines. Le Sénat et la Chambre vont désormais retirer cette mesure protectionniste, a assuré le secrétaire au Trésor Scott Bessent sur X.

Pour l’économiste français Gabriel Zucman, qui plaide pour une taxe globale sur le patrimoine, c’est une décision “pathétique et scandaleuse”. “L’espoir de mettre fin à l’évasion fiscale des multinationales, qui coute chaque année 1.000 milliards de dollars, est remplacé par des paradis fiscaux avec une totale impunité”, le tout sans aucun “débat public”. C’est le règne de “la loi du plus fort”, déplore l’économiste.

Tout le monde se couche

Ces derniers jours, les concessions faites à Donald Trump ont été nombreuses. Dimanche, le gouvernement canadien a par exemple annoncé annuler une taxe visant les géants de la tech dans l’espoir de parvenir à un accord commercial avec les États-Unis. Deux jours plus tôt, le président américain avait décidé d’interrompre les négociations en raison de cette taxe.

La semaine dernière, la flagornerie du secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a été sans limites au Sommet de La Haye. Donald “Daddy” Trump n’en espérait sans doute pas tant : tous les pays de l’organisation transatlantique ont promis d’allouer 5% de leur PIB aux dépenses militaires. Pour la Belgique, cela représente 30 milliards d’euros par an, soit un peu moins que la totalité des coûts de fonctionnement de l’État fédéral (hors Sécu).

Mais les exemples vont au-delà des pays occidentaux. Ce lundi, on apprend que l’Indonésie a offert aux Etats-Unis la possibilité d’investir conjointement dans des matériaux critiques dans le cadre de négociations tarifaires, indique Reuters.

Toutes ces concessions sont-elles un bon calcul ? Si elles permettent des gains à court terme, elles pourraient être désastreuses sur le long terme, tout renforçant le locataire du Bureau ovale dans sa stratégie, celle du rapport de force.

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