Macron – Merz: le couple franco-allemand renaît, plus fragile, mais vital


Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, a rendu sa première visite au président français, Emmanuel Macron. Le moteur européen retrouve de la vigueur et met en place un “conseil de défense et de sécurité”. Les deux hommes sont toutefois fragilisés et font face à un défi commun: contrer l’extrême droite.
Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, se qualifie lui-même de “très européen”. Ce mercredi 7 mai, au lendemain de son élection sur le fil à la tête d’une coalition CDU/CSU – SPD, il a rendu sa première visite à l’étranger au président français, Emmanuel Macron. Une tradition.
Le moteur franco-allemand est déterminant pour la construction européenne. Il a repris de la vigueur avec l’arrivée du remplaçant d’Olaf Scholz, après des mois de surplace en raison de l’instabilité chronique dans les deux pays.
La revitalisation de ce couple est vitale en cette période clé pour l’Union européenne. Les deux hommes restent toutefois fragilisés, en ce compris un chancelier qui a dû attendre le deuxième tour de scrutin au parlement pour obtenir son élection, à l’arrachée.
Un “conseil de défense et de sécurité”
La visite de Friedrich Merz à Paris fut l’occasion d’annoncer la création d’un “conseil de défense et de sécurité franco-allemand“.
Face à la menace russe et à l’instabilité américaine, il est plus que jamais nécessaire de poser les jalons d’une défense europénne. C’est ce à quoi s’emploient les Français et les Britanniques en multipliant les formats et les réunions à Paris et à Londres. Le retour de Berlin était fort attendu.
Ce conseil “se réunira régulièrement pour apporter des réponses opérationnelles à nos défis stratégiques communs”, a précisé le président français devant la presse. Paris et Berlin entendaient “répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte” et “agir main dans la main”.
C’est “une amitié, bien plus qu’une coopération”.
Friedrich Merz a pris la tête de l’Allemagne après avoir déjà fait voter une réforme majeure, mettant un terme au “frein à la dette” pour permettre des investissements massifs dans la défense. Cet abandon de la rigueur budgétaire lui vaut des inimitiés jusque dans son propre camp.
Son élection sur le fil laisse entendre qu’il entame son mandat fragilisé. C’est ce que les Français perçoivent, aussi: “la situation en Allemagne est un choc politique”, affirmait noamment l’eurodéputée française Valérie Hayer sur X.
Un défi commun: contrer l’extrême droite
Tant Friedrich Merz qu’Emmanuel Macron font face à une menace existentielle sur le plan interne: la forte progression de l’extrême droite.
En Allemagne, l’Afd est devenu le deuxième parti du pays aux dernières élections, obtenant des scores jamais vus depuis la Seconde guerre mondiale. Sa pression sera forte sur la question migratoire et alors qu’une partie du parti conservateur de M. Merz dénonce déjà les renoncements du nouveau chancelier.
En France, le Rassemblement National est en tête de tous les sondages, bien que le menace judiciaire pesant sur sa figure de proue, Marine Le Pen, suscite des tensions interne avec l’ombre d’une candidature de Jordan Bardella.
La résistance de ces deux pays dans un contexte géopolitique incertain et la volonté commune d’avancer vers davantage de construction européenne heurtera de plein fouet les tentations nationalistes et autoritaires de leurs opposants. En les mettant à mal… ou en les renforçant.
Le couple franco-allemand devra, par ailleurs, composer avec un environnement européen modifié: la Pologne est devenu un acteur important, l’Italie joue la carte Trump, la Roumanie bascule à l’extrême droite…
Voilà une ère de défis auxquels l’ancien couple Mitterrand – Kohl n’aurait jamais pensé.
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