Le choc du surtourisme s’atténuera en 2025

En 2024, Venise a limité les groupes de touristes à 25 personnes et instauré, les jours de forte affluence, une taxe de 5 euros pour les touristes à la journée. © Getty Images
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Les tendances en matière de voyages reviendront à des niveaux plus normaux l’année prochaine.

Le surtourisme existe-t-il ? Demandez à ceux qui ont la chance de vivre à Goa, Amsterdam, près du Mont Fuji ou dans n’importe quelle ville d’une certaine taille du sud de l’Europe. Ils vous répondront “oui” sans hésiter. L’afflux de touristes, déplorent-ils, provoque des embouteillages et de la pollution, fait grimper les prix du logement et détourne les priorités de développement des besoins de la population locale. Nombreux sont ceux qui demandent aux autorités d’agir.

Certaines mesures ont été prises. En 2024, Venise a limité les groupes de touristes à 25 personnes et instauré, les jours de forte affluence, une taxe de 5 euros pour les touristes à la journée. Amsterdam prévoit d’éloigner du centre-ville son terminal pour les bateaux de croisière et d’obliger certains d’entre eux à accoster à Rotterdam, à 85 km de là. Barcelone et certaines régions de Grèce s’attaquent aux navires de croisière et aux locations de courte durée de type Airbnb. Rome envisage d’imposer un droit d’entrée de 2 euros pour voir la fontaine de Trevi. La Nouvelle-Zélande, pays qui compte huit fois plus de moutons que de touristes, a triplé sa taxe sur les visiteurs.

L’impact de ces mesures n’est toutefois pas clair. Près d’un demi-million de personnes ont volontiers payé la taxe vénitienne, qui équivaut au prix d’un café sur la place Saint-Marc. Les grands groupes de touristes se sont subdivisés (sur le papier) en groupes de 25 personnes. Par ailleurs, déplacer les terminaux en dehors des centres-villes peut engendrer une augmentation du trafic routier. Enfin, la suppression des locations de type Airbnb réduit la concurrence et pousse les prix des hôtels à la hausse…

Confrontées à une croissance de 25 ans en trois ans, même les personnes les plus accueillantes peuvent atteindre leurs limites.

Vers un retour à la normale

Le tourisme post-covid a continué à exploser en 2024, avec à la clé un été record. Les arrivées pour l’ensemble de l’année devraient légèrement dépasser le pic de 2019. Pourtant, ce boom est trompeur. Au niveau mondial, entre 1995 et 2019, les arrivées de touristes internationaux ont augmenté à un taux annuel moyen d’environ 5%, avant de s’effondrer suite aux lockdowns de 2020 et 2021.

Pour que les arrivées retrouvent leur niveau de 2019, il a fallu des taux de croissance de 66% en 2022, 46% en 2023 et au moins 38% en 2024. Un taux de croissance de 5% peut sembler gérable ; un taux de 40% ressemble à un déluge inarrêtable. Confrontées à une croissance de 25 ans en trois ans, même les personnes les plus accueillantes peuvent atteindre leurs limites.

La bonne nouvelle, c’est que 2025 devrait être plus calme. Les compagnies aériennes, les hôtels et les croisiéristes constatent une baisse du trafic sur leurs sites web. Airbnb a prévenu en août dernier que la demande étrangère de la part des Américains – un énorme marché touristique – ralentissait. Les prix semblent diminuer. Tout porte à croire que la situation, en particulier en Europe, pourrait revenir à la normale. Le nombre de touristes continuera d’augmenter, mais la croissance reviendra à son rythme normal.

Afin de profiter des opportunités économiques offertes par le tourisme, les villes qui ont la chance d’accueillir des visiteurs feraient sans doute mieux de s’y préparer, par exemple, en encourageant les voyages hors saison ou en gérant la répartition des touristes, plutôt que de dresser des barrières. Au risque de perdre une partie des clients de cette industrie d’exportation lucrative au profit d’autres destinations.

Par Leo Mirani, correspondant pour l’Asie de “The Economist”

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