Un Premier ministre français déconnecté : la communication catastrophique de François Bayrou
Entre une conférence de presse lunaire et son choix d’assister au conseil municipal de Pau, le Premier ministre français provoque de vives réactions. “Votre place n’était pas à Pau ce soir. Votre place était soit à Paris, soit à Mayotte”, lui a lancé un conseiller de l’opposition. Un peu plus tôt, François Bayrou défendait le retour du cumul des mandats pour se reconnecter à la réalité du terrain.
Si quelqu’un devait écrire un manuel des erreurs de communication à ne pas commettre en politique, il n’aurait qu’à observer les débuts de François Bayrou. Le Premier ministre français, dont l’image est déjà usée auprès des Français par plusieurs décennies de politique, multiplie les polémiques inutiles. Comme si franchir son “Himalaya” – la formation d’un gouvernement – n’était pas déjà assez difficile.
Sa première conférence de presse a tourné au fiasco. Au moment d’aborder le terrible ouragan à Mayotte qui a fait plusieurs morts, François Bayrou se défile et laisse en plan le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, visiblement surpris. Si la séquence prête à rire, elle témoigne surtout d’un manque total d’intelligence politique de la part du Premier ministre.
À Pau, pour justifier le cumul
D’autant qu’il a persisté et signé, en préférant se rendre en jet au conseil municipal de Pau. François Bayrou a l’intention de rester maire, au contraire, par exemple, de ses prédécesseurs Jean Castex ou Edouard Philippe.
“On s’est trompé en (rendant) incompatibles les responsabilités locales et nationales, c’est une erreur (…). Pour les membres du gouvernement, c’est autorisé, pour les parlementaires, non. Je pense qu’il faut que ce débat soit repris”, a-t-il défendu lundi soir, estimant que le décumul avait provoqué “la rupture entre la base de la société française (…) et les milieux de pouvoir“.
Sauf que François Bayrou n’a jamais semblé aussi déconnecté de la réalité. Un conseiller municipal écologiste le lui a fait remarquer : “Votre place n’était pas à Pau ce soir. Votre place était soit à Paris, soit à Mayotte. C’est l’illustration dramatique qu’il y a une incompatibilité (entre vos deux mandats).”
Les consultations se poursuivent
Toute la classe politique était assez abasourdie par le choix de François Bayrou. En ce compris Olivier Faure, le leader du PS : “La place du Premier ministre n’était pas à Pau, la priorité, c’est Mayotte“, a-t-il dit. “J’ai eu du mal à comprendre, y compris la sortie sur le retour du cumul des mandats qui n’est pas du tout une priorité.”
Finalement, le président Emmanuel Macron se rendra lui-même à Mayotte. Le Premier ministre est lui chargé de poursuivre ses consultations. Après Marine Le Pen et Jordan Bardella (RN), visiblement content d’une méthode de travail “plus positive”, François Bayrou a consulté Olivier Faure qui est resté “sur (s)a faim”. Aujourd’hui, place aux écologistes qui ne comptent pas “censurer a priori”, au contraire de LFI qui a prévenu “que toute personne qui rentrera dans ce gouvernement se mettra à distance de manière irrémédiable du Nouveau Front populaire”, dixit Manuel Bompard.
Si François Bayrou parvient par miracle à ne pas se faire censurer, il devra également veiller à se reconnecter à la réalité des Français, y compris dans le département le pauvre de France.
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