L’appétit pour les fonds de relance européens va-t-il se retourner contre l’Italie ?

Giorgia Meloni . © BELGA IMAGE

Une enveloppe de 200 milliards d’euros pour relancer l’économie, cela semblait un cadeau tombé du ciel pour l’Italie. Mais cela commence de plus en plus à ressembler à un cadeau empoisonné: plusieurs tranches du fonds de relance sont bloquées. Une situation qui est loin d’être idéale pour l’économie.

Il y a trois ans, en pleine pandémie, l’Europe mettait sur la table ses fameux plans de relance : une enveloppe destinée aux pays membres, pour les aider à redémarrer la machine économique. Taille du budget : quelque 700 milliards d’euros. Avec près de 200 milliards (dont deux tiers sous forme de prêts), l’Italie a eu droit à la plus grosse part du gâteau. La Belgique, a titre de comparaison, a demandé moins de 6 milliards d’euros.

L’objectif était clair : Rome voulait donner un coup de fouet à son économie stagnante et lancer un grand chantier de modernisation. Le gouvernement de l’époque, sous Giuseppe Conte, a donc chargé la barque avec de nombreux projets devant profiter de ces fonds. Mais cet élan s’est enlisé, et la situation pourrait maintenant se retourner contre le pays.

Fonds bloqués

Cette enveloppe européenne ne vient pas sans contrepartie : les pays doivent prendre des mesures pour, entre autres, assainir leurs finances publiques. L’Italie a ainsi reçu une liste avec 527 mesures politiques à mettre en place et de seuils à atteindre.

Tant que tels ou tels objectifs ne sont pas atteints, telle ou telle tranche du plan n’est pas versée. La Belgique le sait très bien : l’Europe attendait une réforme des pensions, faute de quoi Bruxelles n’aurait pas droit à sa prochaine enveloppe. Il n’est d’ailleurs pas encore clair si la réforme décidée au début de cette semaine sera suffisante pour la Commission. L’effort, en termes de pourcentages du PIB, est en tout cas moidre que ce que l’Europe demandait.

Même scénario pour l’Italie : des objectifs ne sont pas tenus et la caisse reste fermée. Une deadline pour fin juin a par exemple été ratée, et il faut maintenant attendre l’année prochaine pour demander une tranche de 16 milliards d’euros. Une autre de 19 milliards d’euros avait été bloquée en mars et est toujours en suspens.

Or, le pays a déjà engagé des sommes dans des projets. Ce qui amène le dilemme suivant : payer et creuser le déficit ? Emprunter pour payer et creuser la dette, troisième plus importante au monde et suivie de près par l’Europe et les agences de notation (option que la Belgique a par exemple dû choisir) ? Ne pas payer et tant pis pour la croissance ?

Mais ce n’est qu’un côté de la médaille. Les fonds déjà versés à l’Italie peinent à trouver le chemin des projets auxquels ils sont destinés. Dans les deux cas, les entreprises se sentent lésées, selon un tour de table de Reuters. Nombre d’entre elles doivent mettre des projets en suspens. La croissance tant espérée avec ces fonds s’avère finalement être un mirage – qui semble même, ironiquement, devenir un frein pour l’économie. En 2022, les fonds n’auront représenté que 0,1 des 3,7% de croissance.

Refonte de la demande

Avec cet imbroglio, certains se demandent si la barque n’a pas été trop chargée. Le successeur de Conte, Mario Draghi, a par exemple régulièrement critiqué les différents projets inscrits pour le plan de relance. La Première ministre actuelle, Giorgia Meloni, veut d’ailleurs revoir la demande. Le mois prochain, elle devrait se présenter avec un nouveau plan à Bruxelles : certains projets seront supprimés, pour être remplacés par d’autres. Le gouvernement veut notamment utiliser les fonds pour faire face aux subsides que les États-Unis distribuent pour attirer les entreprises actives dans les technologies vertes (comme les véhicules électriques).

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