L’Amérique latine face au défi de la bancarisation

Un vendeur ambulant tient des billets entre ses doigts dans le centre-ville de Recife, au Brésil. (Photo by Emmanuele Contini/NurPhoto via Getty Images) © NurPhoto via Getty Images
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La bancarisation progresse en Amérique latine, mais la route est encore longue. Environ 26% de la population latino-américaine ne dispose toujours pas d’un compte bancaire.

Les 1,4 milliard de personnes qui n’ont pas de compte bancaire dans le monde ne profitent ni de la sécurité qu’offrent ces comptes par rapport aux moyens informels d’épargner, ni des avantages de la participation à l’économie formelle, ce qui pèse sur le bien-être et la croissance économiques. Mais les nouvelles sont plutôt bonnes en Amérique latine et dans les Caraïbes et la bancarisation progresse. Le nombre de personnes qui ouvrent leur premier compte en banque dans la région a augmenté plus rapidement que le taux mondial.

En 2021, les Latino-Américains étaient 6% de plus qu’en 2014 à posséder un compte bancaire, soit le double de l’augmentation mondiale de 3% sur la même période. En 2025, les institutions financières s’efforceront de maintenir cette dynamique en se concentrant sur les femmes, les populations rurales et les plus pauvres, dont les taux de bancarisation restent disproportionnés.

Le plus grand défi de la région est de veiller à ce que l’inclusion financière n’exacerbe pas les inégalités.

Les progrès réalisés dans la région soulignent toutefois le chemin qu’il y reste à parcourir. Environ 26% de la population latino-américaine ne dispose toujours pas d’un compte bancaire, un pourcentage inférieur à celui de l’Afrique subsaharienne ou de l’Asie du Sud-Est, mais supérieur à celui de l’Asie de l’Est et du Pacifique. En outre, les disparités au sein de l’Amérique latine sont frappantes : un peu moins de la moitié des Mexicains âgés de plus de 15 ans possèdent un compte, contre 73% dans l’ensemble de la région.

L’effet covid

La crise sanitaire a été un catalyseur de progrès en matière d’inclusion financière. Une grande partie de la population étant bloquée chez elle, les transactions numériques ont pris de l’ampleur. Les politiques gouvernementales ont également joué un rôle. En Colombie et en République dominicaine, les transferts d’argent liés à la pandémie ont été effectués uniquement sur des comptes bancaires, afin d’encourager l’engagement financier. Au Brésil et au Mexique, les gouvernements ont mis en place leurs propres systèmes de paiement numérique, avec un succès mitigé.

La fintech, en pleine expansion, joue également son rôle, les banques challengers proposant de nouvelles options plus conviviales. Cette concurrence fait baisser les coûts et pousse les banques traditionnelles à innover.

Toutefois, l’inclusion financière totale en Amérique latine continue de se heurter à des obstacles. Le fait de disposer d’un compte ne se traduit pas nécessairement par un accès au crédit. Entre 2014 et 2021, l’utilisation des cartes de crédit et des prêts ya progressé plus lentement que la moyenne mondiale.

Le plus grand défi de la région est de veiller à ce que l’inclusion financière n’exacerbe pas les inégalités. L’écart entre les hommes et les femmes en matière d’accès aux services financiers s’est réduit à l’échelle mondiale, mais il s’est creusé en Amérique latine. De même, les populations rurales et les pauvres sont moins susceptibles d’avoir accès aux services financiers que leurs homologues urbains plus riches.

Par Sarah Birke, chef de bureau pour le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes de “The Economist”

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