L’Amérique avance-t-elle “en somnambule” vers une dictature Trump?
Un retour au pouvoir de Donald Trump sonnerait-il le glas de la démocratie américaine? A moins d’un an de la présidentielle, la question est posée avec une urgence grandissante par les adversaires de l’ancien président. Biden a lui avoué que si Trump n’était pas candidat, il n’était pas sûr de se présenter.
La première puissance mondiale avance “en somnambule vers une dictature”, assène ainsi Liz Cheney, porte-voix des républicains opposés au milliardaire, en pleine promotion de son livre sur le sujet. L’ancien président, favori de la primaire de son parti pour l’élection de 2024, “nous a dit exactement ce qu’il allait faire. Il ne se soumettra pas aux décisions de justice. Il procèdera à des nominations sans se soucier qu’elles soient validées par le Sénat. Il a indiqué qu’il utiliserait l’armée d’une manière absolument anti-américaine”, a énuméré l’ancienne élue du Wyoming dimanche dans une interview télévisée.
Liz Cheney a même confié au Washington Post qu’elle réfléchissait à lancer une candidature indépendante en vue du scrutin de 2024, lequel devrait, sauf surprise évidemment, opposer l’ancien président à son successeur démocrate, Joe Biden.
Vengeur
La rhétorique toujours plus violente de l’ancien locataire de la Maison Blanche a déjà fait couler beaucoup d’encre, par exemple lorsqu’il a qualifié ses adversaires politiques de “vermine”. Ou quand il a promis de “venger” ses partisans après sa défaite, qu’il n’a jamais reconnue, à la présidentielle de 2020.
Le président Joe Biden a depuis longtemps fait de la défense de la démocratie l’un de ses grands axes de campagne. Voyant que ses arguments économiques et sociaux ne prennent pas, le démocrate de 81 ans insiste avec une ardeur renouvelée sur la menace que représente son rival, et contre laquelle il estime être le meilleur rempart. “Si Trump n’était pas candidat, je ne suis pas sûr que je me présenterais. Mais nous ne pouvons pas le laisser gagner”, a dit mardi le président américain, en faisant la tournée des donateurs démocrates dans la région de Boston (nord-est).
Donald Trump “nous dit ce qu’il veut faire. Il ne s’en cache pas”, a encore assuré Joe Biden, qui a d’ailleurs fait référence aux avertissements de Liz Cheney, “une voix forte” selon lui, et évoqué le magazine The Atlantic, dont le dernier numéro est entièrement consacré à dépeindre un second mandat Trump. L’ancien homme d’affaires pourrait “détruire les institutions”, prévient The Atlantic, qui passe en revue son programme en matière d’institutions, de défense, d’environnement, d’immigration, de système judiciaire…
“Donald Trump montre depuis longtemps des réflexes autoritaires, mais sa machine politique est devenue plus sophistiquée et les contre-pouvoirs sont affaiblis”, s’alarmaient lundi les journalistes du New York Times. L’une des tribunes les plus retentissantes a été signée le 30 novembre dans le Washington Post par Robert Kagan, un intellectuel connu pour ses positions diplomatiques néo-conservatrices.
“Persécution”
“Arrêtons de nous bercer d’illusions et regardons la vérité en face”, écrit-il, en martelant que Donald Trump a de réelles chances de l’emporter face à un Joe Biden obstinément impopulaire, dont l’âge inquiète les électeurs. Robert Kagan décrit minutieusement comment, une fois réélu, le républicain lancerait une “persécution” en règle de ses adversaires politiques et une purge de l’appareil d’Etat, en déployant au besoin l’armée pour écraser toute forme de contestation. Laquelle contestation serait probablement timorée, estime-t-il, dans le passage le plus crépusculaire de cette démonstration déjà bien sombre: “Dans les tyrannies conservatrices, les gens ordinaires subissent toutes sortes de limitations de leurs libertés, mais cela ne leur importe que dans la mesure où ils tiennent à ces libertés, or beaucoup ne s’en soucient pas.”
Le principal intéressé répond à ces accusations avec sa stratégie habituelle de retour à l’envoyeur: mardi, il a publié sur sa plate-forme Truth Social un message assurant, sans vraiment argumenter, que ce serait en réalité Joe Biden le “vrai dictateur”. Donald Trump, aux prises avec de multiples poursuites judiciaires, estime que l’actuel président “punit ses opposants politiques”, “ignore” les lois, “profite du pouvoir” et “détourne” la Constitution.
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