L’accord sur les minerais entre l’Ukraine et les États-Unis est surtout symbolique

Mine de Zavalia. © Reuters
Vincent Genot
Vincent Genot Coordinateur online news

Si Volodymyr Zelensky a salué un accord « véritablement équitable » avec les États-Unis sur l’exploitation des ressources naturelles de son pays – un partenariat « gagnant-gagnant » selon Washington –, cet accord s’apparente en réalité à un compromis forcé, issu d’une négociation longue et difficile.

Le texte, signé entre Kyiv et Washington après des semaines de pressions et de tractations, trouve son origine sous l’administration Biden, mais a évolué dans un contexte tendu avec l’administration Trump. Le président Zelensky n’avait guère d’autre choix que de le signer, afin d’éviter une nouvelle détérioration des relations avec Washington. L’accord prévoit de donner aux entreprises américaines un accès à l’extraction de minerais, de pétrole et de gaz en Ukraine, ainsi que la création d’un fonds d’investissement entre les deux pays.

Un texte favorable à l’Ukraine?

Le document, consulté par CNN, ne garantit pas de bénéfices immédiats pour les États-Unis sous l’administration Trump, mais pose les bases d’un partenariat à long terme. Deux éléments sont favorables à l’Ukraine : il désigne clairement la Russie comme responsable de l’invasion à grande échelle, et il précise comment l’Ukraine pourra acheter des armes américaines – un point crucial face à l’intensification des attaques russes. Concrètement, toute aide militaire américaine sera considérée comme une contribution au fonds commun, ce qui permettra à l’Ukraine d’utiliser ce fonds pour acquérir des armes, notamment des systèmes de défense comme les missiles Patriot.

« L’accord a changé de manière significative au cours du processus de préparation. Il s’agit désormais d’un accord véritablement équitable, qui crée des opportunités d’investissements significatifs en Ukraine », s’est félicité M. Zelensky jeudi soir. Il a également salué le fait que son pays n’ait contracté aucune « dette » envers les États-Unis pour les dizaines de milliards de dollars d’aide déjà fournis depuis 2022, contrairement à ce que souhaitait initialement le président Trump.

Pas de garantie de sécurité

En revanche, cet accord ne prévoit aucune garantie de sécurité pour Kyiv, bien que le président ukrainien ait insisté sur ce point depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Il s’agit davantage d’un compromis reflétant aussi un revirement de Trump, qui, voyant ses espoirs de rapprochement avec Moscou s’estomper, semble se réorienter vers un soutien à l’Ukraine. La Russie, de son côté, refuse toujours une trêve inconditionnelle proposée par les États-Unis et Kyiv.

Compte tenu du temps nécessaire pour remettre en état les infrastructures ukrainiennes endommagées par la guerre, et les changements politiques susceptibles d’intervenir des deux côtés, l’accord pourra être révisé ou interprété différemment à l’avenir. En Ukraine, où le secteur des ressources naturelles demeure opaque, il est peu probable que cet accord devienne rapidement un modèle de transparence. Il s’agit plutôt d’une solution provisoire, mais politiquement suffisante à Donald Trump pour donner l’impression d’avancer dans le dossier ukrainien.

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