La victoire libérale au Canada prouve que la vague Trump n’est pas éternelle

Mark Carney célèbre sa victoire. (The Canadian Press)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La victoire du Premier ministre Mark Carney aux législatives témoigne du fait que les outrances du président américain peuvent être préjudiciables à ses alliés. Le candidat conservateur, qui était donné gagnant, a bu la tasse après les droits de douane et les menaces de faire du pays le 51e Etat américain.

Combien de fois le président américain, Donald Trump, n’a-t-il martelé que le Canada devrait devenir le 51e Etat américain? Combien de fois ses exécuteurs de basse oeuvre n’ont-ils pas moqué le Premier ministre Justin Trudeau en le qualifiant de “gouverneur”?

En quelques semaines d’injures et de droits de douane imposés à la hussarde, le vent a toutefois tourné au Canada. Le successeur de Justin Trudeau à la tête du parti libéral, Mark Carney, vient de gagner les élections législatives haut la main, frisant la majorité absolue. Cet ancien banquier a retourné une situation qui semblait compromise avec cette complicité involontaire de la Maison Blanche.

Les conservateurs battus

Le candidat conservateur canadien Pierre Poilievre était pourtant donné gagnant par les sondages. Parfois comparé à Donald Trump, ce dernier comptait miser sur l’usure du pouvoir de Justin Trudeau et les excès de “wokisme” affiché par ces derniers à la fin de son mandat.

Fébrile, il a toutefois multiplié les maladresses, confondant deux tueries survenues dans le pays et a été fustigé pour avoir enregistré plusieurs fonds dans des paradis fiscaux lorsqu’il était responsable des investissements de transition énergétique au sein de la firme de placements Brookfield Asset Management (2020-2025).

Mais ce sont les attaques à répétition de Donald Trump contre le pays qui ont coûté cher aux conservateurs. Pas moins de 58% des électeurs affirmaient, selon un sondage, que les droits de douane joueraient un rôle sur leur vote. Concrètement, l’imposition de tarifs de 25% a déjà fait souffrir l’industrie automobile de l’Ontario.

Face à cela, Mark Carney a su devenir l’homme de la situation, défiant l’arrogance trumpienne. Dans son discours de victoire, il s’en est à nouveau pris au grand voisin en demandant “qui est prêt à défendre le Canada avec moi?” ou en singeant le slogan du président américain: “build, baby, build” au lieu de “drill, baby, drill”.

Cette victoire illustre le fait que le vague trumpienne n’est pas éternelle. Le Canada, depuis les cent jours radicaux de Trump à la Maison Blanche, s’est fortement rapproché de l’Union européenne.

Une victoire à concrétiser

Tout ne sera toutefois pas facile pour les libéraux canadiens. Faute de majorité absolue, ils devront s’allier avec un autre partenaire, Le Bloc québécois semble être le mieux placé pour servir d’appoint, moyennant quelques concessions autonomistes. Une situation qui n’est pas sans faire songer à l’Espagne, où les partis autonomistes soutiennent le gouvernement à Madrid.

La souveraineté canadienne devrait, par ailleurs, être défendue bec et ongles. “Le choc de la trahison américaine” digéré, Mark Carney estime que le pays doit tirer les leçons de cette “guerre commerciale, pour limiter la dépendance canadienne à son voisin, en misant sur d’autres relations, avec “des partenaires fiables, en Europe, en Asie et ailleurs. 

C’est peut-être là une nouvelle étape dans un basculement du monde qui s’opère à une vitesse vertigineuse.

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