La Roumanie bascule, la Lituanie menacée, Xi Jinping à Moscou et une “situation de crise”, selon le chef de la défense belge

George Simion, candidat d'extrême droite à la présidentielle roumaine, est largement en tête. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Tandis que les négociations de paix sur l’Ukraine piétinent, le contexte ne cesse de se dégrader en cette semaine où la “fête de la grande victoire” russe se télescope avec la “fête de l’Europe”. Le chef d’Etat-major belge met en garde.

La Roumanie risque de basculer à l’extrême droite. Ce pays frontalier avec l’Ukraine est un pivot stratégique de l’OTAN et de l’Union européenne. Le signal envoyé par l’élection présidentielle de ce week-end est, à ce titre, préoccupant.

Celui-ci rejoint les propos agressifs du ministre russe des Affaires étrangères à l’égard de la Lituanie ou la mise en garde du chef de la Défense belge en cette semaine marquée par un doublé symbolique: la fête de l’Europe et le jour de la grande victoire russe, qui ont tous deux lieu le 9 mai.

Le rêve d’une Grande Roumanie

Le scrutin roumain faisait suite à l’annulation du précédent pour ingérence étrangère, après la victoire d’un candidat pro-Moscou, Calin Georgescu, interdit de candidature.

Cette fois, le jeune représentant de l’extrême droite, George Simion (38 ans) est arrivé largement en tête du premier tour avec plus de 40% des voix. Il devrait l’emporter face au maire de Bucarest, Nicosur Dan, avec ses 21%.

Ancien supporter ultra de football, George Simion se déclare ouvertement “trumpiste” et tient des discours qui sentent la poudre, même s’il s’est voulu rassurant au sujet de l’appartenance de la Roumanie à l’OTAN.

Il souhaite “rendre au peuple roumain ce qui lui a été pris” avec l’élection annulée. En guise de provocation, George Simion s’est rendu au bureau de vote… en compagnie de Calin Georgescu.

Le candidat d’extrême droite cultive une attitude ambiguë à l’encontre de la Moldavie voisine, où il est interdit de séjour, ainsi que vis-à-vis de l’Ukraine. Le sentiment de ras-le-bol des Roumains face au voisin en guerre a joué dans son élection. Mais le rêve de Grande Roumanie plane, comme une ombre du passé.

Lavrov menace l’Ukraine

Jour après jour, l’ordre établi après la Seconde guerre mondiale semble voler en éclats sous les coups de boutoir des nationalistes.

Ce n’est pas la préface rédigée par Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à un ouvrage consacré à l’histoire de la Lituanie qui sera de nature à apaiser les choses. Il y accuse notamment la “République de Lituanie moderne” d’utiliser des “récits historiques falsifiés pour stimuler des sentiments antirusses et russophobes”.

 “C’est un outil pour des activités hostiles contre les pays voisins: pour remettre en question l’État, l’histoire, les valeurs, les symboles, mais aussi pour justifier l’impérialisme et l’agression de la Russie contre ses voisins. Nous l’avons déjà vu, nous le voyons maintenant, et ce n’est qu’un autre exemple”, dénonce Kestutis Budrys, ministre lituanien des Affaires étrangères.

Les petits États baltes, membres de l’OTAN et de l’Union européenne, sont souvent présentés comme le prochain objet de déstabilisation de la part de Moscou. Le discours de Lavrov ressemble étrangement à celui tenu à l’égard de l’Ukraine avant l’agression russe.

Une situation de crise

La semaine risque d’être forte en musculations de tous genres avec le “jour de la grande victoire” célébré le 9 mai à Moscou, pour célébrer la victoire contre le nazisme. C’est désormais officiel: le président russe, Vladimir Poutine, accueillera son grand allié, le président chinois Xi Jinping, en un geste de défiance vis-à-vis de l’Occident.

C’est à la lumière de ce grand chaos, facilité par la défiance du président américain, Donald Trump, à l’égard de l’Union européenne, qu’il faut lire les propos tenus samedi à Het Laatste Nieuws par le chef de la Défense belge.

Frederik Vansina, appelle le gouvernement fédéral à décréter la situation de crise. Selon lui, cela devrait permettre à l’exécutif d’acheter des armes plus rapidement, par exemple. “C’est soit la guerre, soit la paix, alors qu’aujourd’hui, nous nous trouvons quelque part entre les deux, dans un état hybride où la menace s’accroît”, dit-il.

Un propos qu’il avait déjà tenu à son arrivée. L’instabilité du monde en renforce l’écho.

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