La riposte d’Israël à Gaza écartèle les partis belges: de la nitroglycérine!
Les socialistes flamands proposent de boycotter les produits israéliens, les libéraux s’y opposent. La gauche s’indigne de la riposte du gouvernement Netanyahou et la droite marche sur des oeufs. Le conflit est bel et bien importé.
Le fracas des bombes qui tombent sur Gaza résonne dans tous les pays européens. En Belgique, la Vivaldi fédérale se déchire sur cette question à laquelle certains partis ont déjà répondu, vivement: la riposte du gouvernement Netanyahou est-elle proportionnée? “Ce qui se passe à Gaza n’est pas proportionnel”, a glissé le Premier ministre, Alexander De Cro (Open VLD), lors des journées diplomatiques.
Mais à gauche du spectre politique, cela se tend plus durement. Caroline Gennez (Vooruit), ministre de la Coopération au développement, est remontée contre la disproportionnalité des actions israéliennes et dénonce notamment le fait que Gaza soit un “cimetière d’enfants”. Les écologistes multiplient les ambiguïtés sur le caractère “résistant” du Hamas. Le CD&V, lui aussi, bascule dans le camp de ceux qui fustigent le déluge de feux israélien.
Boycotter les produits israéliens?
Les sociaux-chrétiens flamands ont ainsi déposé une proposition de loi visant à interdire la vente de produits en lien avec une “violation des droits humains”. La Belgique est le troisième pays importateur de biens israéliens en Europe, rappelle Le Soir.
Caroline Gennez, encore elle, abonde dans ce sens: “Le boycott fait partie des mesures possibles, comme la reconnaissance de l’Etat israélien ou les demandes de cessez-le-feu ou toutes les pressions que l’on peut exercer”. Les écologistes évoquent d’autres rétorsions possibles: rappel de l’ambassadeur israélien, gel des avoirs des colons…
Evoquant le boycott, le MR se distancie: “On ne voit pas pourquoi on soutiendrait aujourd’hui cette mesure plus qu’hier, souligne son président, Georges-Louis Bouchez. Il faut rester mesuré et maintenir un dialogue avec Israël.”
Il y a peu de chance pour que le gouvernement belge tranche clairement, dès à présent, par-delà les mots. Tant le Premier ministre que la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), doivent jouer aux équilibristes.
Electoralement inflammable
Le ton monte parfois haut dans les tours, comme quand la ministre écologiste Zakia Khattabi a laissé entendre que le Hamas n’était pas une organisation terroriste, avant de se ranger à la catégorisation de l’Union européenne. Pour les libéraux, il s’agissait d’un dérapage inacceptable.
Ecologistes et socialistes ont été montrés du doigt pour leur très long temps de réaction avant de condamner l’action du Hamas, le 7 octobre dernier. Les calculs électoraux ne sont pas absents de ce débat hautement inflammable: les élections régionales et fédérales du 9 juin prochain, ainsi que le scrutin communal d’octobre, pèsent dans la balance.
La politique belge est, aussi, devenue une histoire de communautarisme.
Paul Magnette, président du PS et candidat Premier ministre, joue lui aussi les équilibristes. “Le Parti Socialiste s’est exprimé à de nombreuses reprises pour condamner aussi bien le Hamas et son caractère terroriste que l’occupation et la colonisation par Israël, ainsi que les crimes de guerre et les violations du droit humanitaire, dit-il. Et nous continuerons de le faire.”
Le socialiste affirme aussi qu’il ne demanderait pas mieux que de pouvoir débattre avec le PTB “pour pouvoir dire au représentant du PTB que refuser de reconnaître le caractère terroriste du Hamas c’est un scandale et au représentant du MR qu’ils ont quand même mis beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps à saluer le fait qu’il y avait aussi des victimes dans le camp palestinien.”
A droite, on doit rugir à l’entendre.
Ce sujet, c’est de la nitroglycérine.
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