La reconnaissance de l’État palestinien écartèle le gouvernement De Wever, sur fond de “risque de génocide”

Yvan Verougstrate (Engagés) et Georges-Louis Bouchez (MR): un regard différent sur le conflit palestinien.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les présidents du CD&V, de Vooruit et des Engagés, Sammy Mahdi, Conner Rousseau et Yvan Verougstraete, évoquent un “risque de génocide” et souhaitent une reconnaissance dès le mois de juin. Ils marcheraient sur les pas de la France, premier pays d’envergure à le faire. Mais la N-VA et le MR sont réticents.

Le drame perpétuel se poursuit en Palestine, sous les coups de boutoir d’Israël. La Bande de Gaza reste sous le feu des bombardements et est soumise à un blocus de toute aide humanitaire. La famine menace. Les intentions de vider Gaza de ses occupants semblent réelles, avec en toile de fond la volonté d’en faire une “Côte d’Azur du Moyen Orient”, tel que le président américain, Donald Trump, l’avait formulé.

En Belgique, le sujet divise désormais fortement l’Arizona fédérale. Et pourrait provoquer une crise d’ici un mois.

“Un risque de génocide”

Il y a un risque de génocide, évoqué par la Cour internationale de justice, constate Yvan Verougstraete, président des Engagés. Cela nous oblige à réagir à la hauteur des enjeux. Affamer un peuple est un scandale et ne saurait être toléré comme stratégie militaire.” Sammy Mahdi, président du CD&V, avait été le premier à s’exprimer en ce sens. Lors du 1er mai, Conner Rousseau, président de Vooruit, avait enchaîné: “Ce qui se passe à Gaza, ce n’est pas une guerre, c’est un génocide”.

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, refuse de parler de “génocide” tant que le droit international ne le reconnaît pas clairement. Il avait affirmé sa position avec force devant un auditoire universitaire: “Je ne connais aucun génocide dans l’histoire de l’humanité où il y a plus d’habitants à la fin qu’au début. J’invite quand même chacun à garder un peu le sens des mots”. Ou encore: “Le génocide, je vais juste vous donner la définition, c’est la volonté délibérée de faire disparaître une population en raison, par exemple, de sa nationalité, de son origine. Eh bien, c’est profondément un scandale de dire ça aujourd’hui.”

Présent lors du débat, le président du PS, Paul Magnette, s’était dit “glacé” par ces mots.

Dans les pas de la France

Yvan Verougstraete souhaite que la Belgique s’inscrive dans l’initiative internationale prise par la France en vue de la reconnaissance de l’É palestinien, en juin: “La Belgique doit clairement s’inscrire dans cette dynamique internationale. On ne peut pas rester au balcon pendant que les choses bougent.”

Sammy Mahdi et Conner Rousseau ne disaient pas autre chose: “L’initiative de Macron est une opportunité gigantesque. Le train est prêt à partir, avec la France et l’Arabie saoudite comme locomotives. Nous ne pouvons pas rester à la gare. Les Européens doivent jouer un rôle actif”.

À ce jour, pas moins de 147 Etats dans le monde reconnaissent l’État palestinien, dont des pays européens, comme l’Espagne ou l’Irlande. Par contre, aucun “grand” pays, membre du Conseil de sécurité ou du G7, ne n’est prononcé en ce sens. La démarche française pourrait libérer d’autres volontés, mais l’intransigeance américaine sur le sujet reste forte.

Le Premier ministre, Bart De Wever (N-VA), devra déminer le sujet, alors que son parti est lui aussi opposé à cette reconnaissance. Selon le président des Engagés, l’Arizona travaillerait à une résolution qui pourrait être votée au parlement. Nul doute que chaque virgule sur le “risque de génocide” sera soigneusement pesée.

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