Les eurodéputés belges ont largement critiqué la proposition de budget 2028-2034 présentée par la Commission européenne. Ils pointent des failles dans plusieurs domaines : reculs sur l’agriculture, manque d’ambition pour la cohésion et lacunes environnementales.
La Commission propose d’allouer 300 milliards d’euros à la politique agricole, contre 379 milliards dans l’enveloppe actuelle (2021-2027). L’agriculture serait mêlée dans des « plans de partenariat nationaux et régionaux », au même titre que la cohésion, la gestion des frontières ou le social.
“Renationalisation de la PAC”
Pour Benoît Cassart (Renew), cette logique va « amener à une renationalisation de la PAC et une perte d’unité au niveau européen ». Le libéral dénonce une baisse de 20 % du budget agricole et la fin d’un cadre commun fort. « Mettre les agriculteurs européens en concurrence les uns avec les autres, c’est du suicide dans un marché mondial déjà très compétitif », alerte-t-il.
Même inquiétude chez Yvan Verougstraete (Les Engagés, Renew). Derrière la flexibilité vantée par Bruxelles, il voit le risque d’abandonner les agriculteurs. « Si chaque pays finance ce qu’il veut, comme il veut, sans cadre commun, la PAC perd ce qui fait d’elle une politique européenne. Elle devient un simple outil de coordination, vidé de son ambition et de sa cohérence », avertit-il.
Wouter Beke (CD&V, PPE) salue la souplesse du budget, qui réserve 400 milliards pour les crises futures, mais prévient : « La facture ne doit pas être payée par les agriculteurs. »
Des craintes sur la cohésion et le risque de fracture
Elio Di Rupo (PS) juge pour sa part que le budget est « insuffisant pour répondre aux priorités affichées ». Il redoute une « désintégration progressive de l’Union », avec des plans nationaux de réforme qui conditionnent l’accès aux fonds européens à des réformes imposées. « Cela pourrait accentuer les écarts entre États membres. L’avenir de la politique de cohésion reste flou, et certaines régions en difficulté risquent d’être laissées pour compte », prévient-il.
L’environnement et le social relégués
Les écologistes pointent aussi de sérieuses carences. Sara Matthieu (Groen) juge « irresponsable » la suppression du programme LIFE, qui finançait des projets pour l’environnement, le climat et l’énergie. Elle regrette aussi l’absence de moyens spécifiques pour la biodiversité, tout en saluant la part de 35 % des dépenses orientées vers les objectifs climatiques, en hausse par rapport au budget actuel.
À l’extrême gauche, Marc Botenga (PTB) se montre encore plus sévère. Pour lui, c’est un budget « illégal, belliciste, antisocial ». Il dénonce « l’explosion des dépenses militaires de 12,5 à 131 milliards, soit dix fois plus », et une « militarisation d’autres budgets », alors que « le social et la cohésion sont dilués », écrit-il sur X.