La mer du Nord : le prochain front de la guerre en Ukraine ?
De guerre frontale entre l’Europe et la Russie, il n’est heureusement pas encore question, mais cela n’empêche pas les attaques plus discrètes sur d’autres terrains. Car pour les Russes, la guerre ne se limite pas au champ de bataille. Elle s’étend à l’information et à l’économie. Et l’un des nouveaux fronts pourrait bien être la mer du Nord.
La Russie n’a peut-être pas la capacité d’attaquer soudainement l’ensemble de l’Europe, mais elle est tout à fait capable de provoquer des dommages économiques importants si elle cible ses attaques. Par exemple, si elle s’en prend au port d’Anvers-Zeebruges ou encore aux câbles de communication, aux pipelines ou encore aux champs d’éoliennes installés dans la mer du Nord. Autant d’installations vulnérables, voire le talon d’Achille de l’Europe.
Un danger d’autant plus précis que des vaisseaux russes, plus ou moins fantômes, s’attardent dans la zone. Une zone qu’ils sont clairement en train de cartographier. L’année dernière des navires-espions russes déguisés en bateaux de pêche ont fait craindre des actions de sabotage ciblées sur les câbles de communication et les parcs éoliens. Ainsi le navire russe Admiral Vladimirsky, officiellement dédié à la recherche sous-marine, s’est approché en 2023 de parcs éoliens au large des côtes du Danemark, de la Suède, du Royaume-Uni et de la Belgique.
L’off-shore comme nouvelle ligne de front ?
Dans ce contexte, il n’est pas impensable que les énergies renouvelables off-shore (en mer donc) deviennent une nouvelle ligne de front. De simples drones peuvent en effet y provoquer des ravages à moindres frais. Et si les Russes parviennent à couper les câbles de communication, ils compliquent sérieusement les échanges avec nos partenaires de l’OTAN. Deux sabotages qui peuvent potentiellement provoquer un effet de panique et perturber à la fois l’économie et la politique européenne.
Les repérages qui cartographient les infrastructures critiques peuvent aussi nourrir de potentielle attaque cybernétique russe. Car les parcs éoliens et les câbles de données sont particulièrement sensibles à une éventuelle bombe numérique (un virus activé à distance). Si un tel scénario est encore improbable, il n’est pas impossible puisqu’il n’y a que peu de doute que la Russie se prépare à cette éventualité. Car c’est en collectant beaucoup d’informations que l’on sélectionne les meilleures cibles.
Poutine est déjà à la table
Outre la mer du Nord, le conflit entre l’Europe et la Russie se joue aussi sur d’autres fronts. Par exemple, en utilisant la vieille technique du cheval de Troie, soit en faisant venir l’ennemi de l’intérieur. Il y avait déjà Orban en Hongrie qui doutait du bien-fondé de l’aide à l’Ukraine, il y a désormais la Slovaquie. Le candidat prorusse Peter Pellegrini vient en effet de remporter les élections présidentielles. Si ce camp reste encore minoritaire, en sachant que la Russie tente d’exercer une influence politique dans les autres États membres, qui sait ce qu’amèneront les élections de 2024 ? Après tout, la désinformation est, et reste, une tactique très efficace pour semer le chaos. Car qu’on ne s’y trompe pas. Comme le formulait il y a peu les Polonais, Poutine est “déjà assis à la table” de l’Europe.
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