La manufacture du monde souffre du ralentissement économique: les exportations chinoises sont en chute libre

Des travailleurs dans un port chinois. (Photo credit should read Costfoto/Future Publishing via Getty Images) © Getty Images

Les exportations chinoises ont baissé de plus de 10% le mois passé. Un signe que l’économie mondiale tourne au ralenti, et surtout que la relance chinoise, tant attendue après trois ans de pandémie, est au point mort.

Moins 12,4%. C’est la chute du chiffre des exportations chinoises, comparé au même mois de l’année d’avant. En mai déjà, elles avaient chuté de 7,5%, selon des données des douanes chinoises. La chute constatée au mois de juin est la plus importante en trois ans. Il faut retourner au début de la pandémie pour retrouver un tel ralentissement.

De l’autre côté, les importations sont en baisse aussi, de l’ordre de 6,8%. Mais la balance commerciale affiche toujours un surplus en juin : les exportations (286 milliards de dollars) dépassent toujours les importations (215 milliards).

En mal de clients

Il ne faut pas chercher bien loin pour trouver le responsable de cette baisse : il s’agit du ralentissement économique mondial provoqué par l’inflation et le resserrement du crédit, notamment en Occident. La Chine est la manufacture du monde et la baisse de la demande mondiale freine d’office ses activités.

Il y a également l’antagonisme avec les États-Unis qui joue : les deux superpuissances se livrent une guerre économique à coups d’interdictions d’exports et d’autres restrictions commerciales. Or, Washington est de loin le premier partenaire commercial et pèse presque autant que des zones géographiques entières, comme l’Asie du Sud-Est ou l’Union européenne. Les exportations vers les États-Unis ont ainsi baissé de 12% sur le premier semestre (comparé aux mêmes six mois de l’année passée).

De l’autre côté, les exportations vers la Russie ont explosé. Lors du premier semestre de cette année, Pékin exporté près du double de ce que le pays exportait entre janvier et juin 2022. Mais malgré cette hausse importante, Moscou n’est pas près de devenir le premier client : le pays ne représente que 3% du total des exports de ce premier semestre et clôt le top 10 des destinations des marchandises chinoises.

La relance chinoise… qui n’est pas ?

Pour encore mieux saisir l’importance de cette baisse des exports en juin, il faut retourner un an en arrière. Le pays était alors en pleine vague covid du variant Omicron. Et contrairement à de nombreux autres pays, Pékin n’a pas lâché les rênes. Le parti communiste a serré la vis et de grands pôles économiques comme Shenzhen et Shanghai, avec leurs usines et leurs ports et aérodromes commerciaux, étaient à l’arrêt (ou du moins fortement au ralenti). L’activité de cette année est donc en baisse par rapport à une activité qui était déjà bridée, il y a un an.

Il a fallu attendre décembre de l’année dernière pour que Pékin laisse tomber ces confinements draconiens. Le monde économique s’attendait alors à un démarrage au quart de tour, avec ses avantages (croissance, hausse des exports vers la Chine) et ses désavantages (hausse des prix de l’énergie et de l’inflation) potentiels.

Un semestre plus tard, le constat est que la relance patauge. Un des indicateurs les plus importants en la matière est l’inflation : elle affiche un taux de 0 en juin, en glissement annuel. C’est-à-dire que la demande intérieure est tellement faible que le pays frôle la déflation. C’est là aussi que la baisse des exports prend tout son sens : ils sont normalement un des piliers du PIB (représentant 20%), mais la deuxième économie du monde ne peut pas vraiment s’appuyer dessus pour se relever.

Au bout du tunnel ?

Vers où va se diriger l’économie chinoise dans les mois à venir ? Zichun Huang, économiste spécialiste de la Chine chez Capital Economics, citée par Reuters, se veut optimiste. “La bonne nouvelle est que le pire du déclin de la demande étrangère est probablement déjà derrière nous”, analyse-t-elle. Mais les nuages ne vont pas disparaître d’un coup. “Le ralentissement mondial de la demande de biens continuera à peser sur les exportations”, explique-t-elle. L’experte ajoute qu’une nouvelle baisse des exportations est probable avant qu’elles n’atteignent un plancher vers la fin de l’année.

Dans tous les cas, un diagnostic important pour l’économie chinoise aura lieu ce lundi. Pékin annoncera le taux de croissance du deuxième trimestre. Il donnera la couleur et permettra de dire où en est la relance. Mais les attentes ne sont pas des plus hautes. En début d’année, le gouvernement chinois avait par exemple tablé sur un chiffre de 5%, pour l’année 2023 – soit l’estimation la plus basse en plus de 30 ans.

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