La fusée Ariane 6, boostée à la technologie belge, défie SpaceX dans la course à l’espace
La toute nouvelle fusée européenne, Ariane 6, effectuera son premier vol ce mardi. Après une année de pause, l’Agence spatiale européenne (ESA) montre sa volonté de s’engager dans la course à l’espace avec SpaceX, dirigée par le milliardaire américain Elon Musk. Cette fusée est équipée d’une panoplie de technologies belges.
Le lancement d’Ariane 6 depuis la base spatiale européenne à Kourou, en Guyane française, est prévu ce mardi entre 20h00 et minuit, heure belge. Cette base, située près de l’équateur, permet aux fusées lancées vers l’est de bénéficier d’une poussée supplémentaire due à la rotation de la Terre. Il s’agit d’un vol non habité, transportant des satellites et du matériel scientifique.
Le succès du premier vol d’Ariane 6 est crucial, car le lancement accuse déjà un retard de quatre ans. Le développement d’Ariane 6 a également nécessité un investissement de 4,5 milliards d’euros. “Il est absolument essentiel pour l’Europe d’avoir un accès indépendant à l’espace”, a déclaré Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, soulignant la compétition avec SpaceX du milliardaire Elon Musk. En effet, la fusée Falcon 9 de SpaceX représente actuellement la seule alternative viable pour le lancement de grands satellites dans l’espace.
À l’avenir, Ariane 6 sera chargée de placer en orbite des satellites Internet d’Amazon, entre autres missions. Le premier vol commercial d’Ariane 6 est prévu plus tard cette année, avec pour objectif à long terme neuf lancements par an. En comparaison, SpaceX a effectué quatorze lancements rien qu’au mois de mai.
222 millions investis par la Belgique
Contribuant à l’économie belge, plusieurs entreprises et universités belges ont participé à la réalisation d’Ariane 6. La Belgique a investi 222 millions d’euros dans le développement d’Ariane 6, ce qui représente 3,8 % des coûts totaux de développement. “La contribution de la Belgique à l’ESA revient directement à notre économie”, affirme Bart Jorissen de l’association d’entrepreneurs Agoria. Il souligne que la Belgique occupe la cinquième place parmi les treize pays européens contribuant financièrement à Ariane 6.
ULiège, UHasselt, SABCA, Safran, Sonaca
Un groupe de 26 étudiants de l’UHasselt a ainsi développé un dispositif, OSCAR-QUBE+, pour cartographier le champ magnétique autour de la Terre. “Nous espérons ainsi améliorer les systèmes de navigation d’Ariane 6”, explique Yarne Beerden, l’un de ses étudiants. Les étudiants suivront le lancement sur grand écran sur leur campus. De plus, depuis les années 1980, l’ULiège participe au test des moteurs pour l’ESA.
La SABCA, société bruxelloise réputée pour la maintenance des F-16 et F-35, a conçu des pièces pour les moteurs de la fusée, y compris la tuyère et l’aluminium pour la coque d’Ariane 6. L’entreprise aérospatiale et de défense Safran, basée à Charleroi, a fourni des valves précises pour le moteur. Enfin, l’entreprise spatiale Sonaca, établie à Gosselies, a construit les structures métalliques pour la plateforme de lancement.
En 2018, le secteur spatial en Belgique représentait plus de 6.400 emplois à temps plein, selon une étude de IDEA Consult. “Les innovations technologiques de l’aérospatiale se répercutent souvent sur d’autres secteurs. Avec la reprise de la course à l’espace, cela ouvre des opportunités de croissance pour notre pays“, estime Bart Jorissen d’Agoria.
La fusée Ariane 6 embarquera une expérience développée par des étudiants belges
La fusée Ariane 6 embarquera également à son bord une expérience développée par des étudiants du Sint-Pieterscollege de Bruxelles et de l’Institut de la Vallée Bailly de Braine-l’Alleud, informe l’Agence spatiale européenne (ESA). Ce sont les premiers lycéens européens à mettre en orbite une charge utile à bord d’une fusée, souligne l’ESA. L’objectif la mission scientifique belge baptisée “Peregrinus” (d’après Petrus Peregrinus de Maricourt, un érudit médiéval) est de mesurer la corrélation entre le champ magnétique terrestre et l’intensité des rayons X durs et des rayons gamma mous. Elle se déroulera en orbite à 580 km au-dessus de la Terre. Peregrinus fournira des données sur l’impact de l’activité solaire et les niveaux de rayonnement dans le champ magnétique terrestre, explique l’ESA. Selon l’agence, une meilleure compréhension dans ce domaine permettra d’évaluer les risques de radiation pour les astronautes sur la Lune ou en route vers Mars. Les lycéens belges impliqués sont les premiers en Europe à placer une charge utile en orbite grâce à Ariane 6, stimulant ainsi les ambitions spatiales des jeunes à travers le continent.
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