La crise de la dette américaine n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale
L’économie mondiale, déjà en proie à une “forte incertitude”, aurait pu “se passer” des négociations tendues sur le plafond de la dette aux Etats-Unis, a affirmé mercredi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva.
A Washington, démocrates et républicains peinent à s’accorder sur un budget pour éviter un défaut de paiement inédit à la date butoir du 1er juin, faisant craindre aux économistes une panique financière et une récession massive, avec un effet de contagion à l’échelle mondiale. “L’économie mondiale, déjà confrontée à une si forte incertitude, aurait pu se passer” des négociations interminables à Washington, a estimé Kristalina Georgieva, lors d’un forum à Doha, au Qatar.
La directrice générale du FMI s’est toutefois dite convaincue qu’un accord permettrait d’éviter une banqueroute de la première économie mondiale. Les Etats-Unis se sont toujours “débattus avec ce défaut purement théorique”, mais une solution est toujours trouvée “à la dernière minute”, a-t-elle fait remarquer. “Nous devons toujours rester conscients que le risque est là”, a-t-elle néanmoins prévenu.
Pas l’abri d’une erreur de calcul
Stephen Schwarzman, le patron de Blackstone, l’une des plus grandes sociétés d’investissement au monde, a lui aussi refusé de croire en la perspective d’un défaut de paiement aux Etats-Unis tout en soulignant “l’impasse politique”. “Le monde entier regarde ce qu’il se passe”, a ajouté ce magnat proche des républicains.
Les Etats-Unis ne sont pas à l’abri “d’une erreur de calcul de la part des personnes impliquées dans les négociations”, a-t-il souligné, mais “cela heurterait les électeurs américains et mettrait une pression énorme pour que les choses soient résolues en quelques jours”.
Pour lever le risque d’une banqueroute, il faut que le Congrès – le Sénat tenu par les démocrates et la Chambre à majorité républicaine – vote pour relever le plafond maximal d’endettement public autorisé. Pour donner son feu vert, le camp républicain exige de tailler dans la dépense publique.
Justice sociale
Mais le président Joe Biden, qui fait campagne pour sa réélection sur le thème de la justice sociale, s’y oppose. Les démocrates sont favorables à la réduction du déficit dans un pays endetté à plus de 31.000 milliards de dollars, mais préfèreraient taxer davantage les plus riches et les grandes entreprises, sans toucher ni aux prestations sociales, ni aux immenses projets d’investissement.
Un défaut de paiement pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’économie américaine, selon les économistes, et provoquer une crise qui se propagerait inéluctablement à l’Europe et au reste du monde.