La BCE abaisse son principal taux directeur de 0,25 point, à 2,25% pour soutenir l’économie

La BCE, à Francfort. REUTERS/Jana Rodenbusch © REUTERS

La Banque centrale européenne a de nouveau abaissé jeudi son principal taux d’intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, pour soutenir l’économie de la zone euro menacée par la guerre commerciale menée par les Etats-Unis.

La Banque centrale européenne (BCE) a procédé à une septième baisse de ses taux directeurs depuis juin 2024, dans un contexte économique marqué par l’annonce début avril de surtaxes “réciproques” par Donald Trump, qui a ravivé les incertitudes à l’échelle mondiale.

Si l’économie de la zone euro a fait preuve d’”une certaine résilience face aux chocs mondiaux”, les perspectives de croissance “se sont détériorées en raison de l’intensification des tensions commerciales”, indique le communiqué de la BCE.

Ces tensions, ainsi que le caractère imprévisible des décisions prises par l’ancien président américain, pourraient avoir de “graves conséquences négatives”, a alerté mercredi la directrice de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.

Dans ce climat incertain, la BCE refuse de s’engager sur la trajectoire de sa politique monétaire. Elle continuera de s’appuyer sur les “données disponibles” pour déterminer, “réunion après réunion”, ses futures décisions.

Si le ralentissement du commerce mondial se confirme, plusieurs analystes anticipent de nouvelles baisses de taux, certains allant jusqu’à évoquer un taux de dépôt ramené à 1,75 % dans les mois à venir.


Trump chamboule la donne

Depuis juin 2024, la BCE a abaissé ses taux à sept reprises, rompant ainsi avec le cycle de resserrement monétaire engagé deux ans plus tôt pour juguler l’inflation alimentée par la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a découlé.

Lors de leur dernière réunion en mars, les gouverneurs de la BCE avaient laissé entendre qu’une pause dans la baisse des taux était envisageable. Les regards se tournaient alors vers le plan de relance budgétaire en Allemagne et vers l’augmentation des dépenses militaires en Europe, qui laissaient présager une reprise de l’activité et une possible remontée de l’inflation à moyen terme.

Mais l’annonce début avril par Donald Trump d’une nouvelle salve de droits de douane a bouleversé les équilibres. Il a décrété des surtaxes universelles de 10 % sur tous les pays, accompagnées de droits supplémentaires pouvant aller jusqu’à 145 % sur les produits chinois, avec quelques exemptions sectorielles.

Une pause de 90 jours a ensuite été annoncée pour les surtaxes supérieures à 10 % visant les pays hors Chine, mais cela n’a pas suffi à apaiser les marchés.

L’Europe figure parmi les principales cibles : le secteur automobile est frappé par une taxe de 25 %, tandis que les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques font l’objet d’enquêtes commerciales.


L’inflation reléguée au second plan

Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a estimé mercredi que ces droits de douane entraîneront “très certainement une hausse temporaire de l’inflation” aux États-Unis. Donald Trump, de son côté, a de nouveau critiqué jeudi le patron de la Fed, affirmant qu’il aurait dû “baisser les taux depuis longtemps déjà, comme la BCE”.

À Francfort, les craintes liées à l’inflation passent désormais au second plan. La désinflation est “en bonne voie”, selon la BCE, avec une inflation de 2,2 % en mars dans la zone euro, se rapprochant de l’objectif de 2 %.

Dans un environnement volatil, la stabilité financière redevient une priorité. Le dollar perd du terrain face à l’euro, les rendements des bons du Trésor américain grimpent, et les marchés mondiaux restent nerveux.

“La BCE surveille la situation de près et reste prête à intervenir si nécessaire”, a déclaré Christine Lagarde la semaine dernière à Varsovie, en marge d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Un système financier sous tension – banques fragilisées, marchés instables – pourrait rapidement freiner l’investissement et la consommation, avec le risque de faire basculer l’économie vers une spirale déflationniste.

Un scénario qui rappelle 2008, lorsque la crise financière mondiale avait brutalement fait chuter l’inflation, entraînant une crise de la dette souveraine et forçant la BCE à recourir à des mesures exceptionnelles.

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