Deux petits points de base : 2,65% d’un côté, 2,67% de l’autre. Mais cet écart infime fait énormément jaser, à Rome et à Paris, depuis la fin de la semaine dernière.
Pour la première fois depuis 20 ans, le taux auquel se finance l’Italie sur 5 ans (2,65% vendredi), est moins élevé que le taux auquel se finance la France (2,67%). L’écart s’est encore un peu creusé ce lundi (le taux français est monté à 2,74%), et il contamine l’ensemble de la courbe des taux : désormais, sur l’échéance qui compte, celle à 10 ans, les deux pays affichent un taux similaire : 3,24%. Notre pays lui est à 3,06%.
Remontada
Ce sont les tendances politiques divergentes entre l’Italie et la France qui expliquent cette remontada italienne.
L’Italie de Giorgia Meloni est en effet bien mieux perçue par les marchés financiers qu’il y a quelque temps. Le spread entre l’Italie et l’Allemagne sur les obligations à 10 ans est tombé à son plus bas niveau depuis 2010, signe d’un regain de confiance envers l’Italie et son économie. Celle-ci est en effet celle qui a le plus profité de l’argent européen distribué dans le cadre du fonds de relance européen après la pandémie, ce qui lui a donné un coup de pouce salutaire. Environ un quart des 800 milliards d’euros de prêts et subventions du programme NextGeneration EU est allé vers la péninsule italienne.
La confiance des investisseurs reflète donc le fait que la croissance de l’économie italienne n’est pas si mauvaise (+0,7% au premier trimestre, contre +0,6% pour la France) mais aussi que la situation budgétaire est moins préoccupante à Rome (avec un déficit public de 3,5% du PIB fin 2024) qu’à Paris (déficit de 5,8%).
Pouvoir d’achat similaire
Selon les statistiques européennes, le PIB par habitant de l’Italie, à parité de pouvoir d’achat, a rejoint celui de la France. Et cette dynamique devrait se poursuivre cette année et l’an prochain, puisque la croissance italienne serait légèrement supérieure à la croissance française.
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Les perspectives sont en effet meilleures en Italie qu’en France. Dans l’hexagone, les investisseurs restent préoccupés par l’incertitude politique et la très grande difficulté du gouvernement de François Bayrou à trouver une majorité politique pour faire passer des mesures économico-budgétaires.
En résumé, la prime de risque demandée par les investisseurs sur les obligations françaises est désormais supérieure à celle qu’ils exigent sur la dette italienne. Et l’on voit mal, alors que les élections présidentielles françaises – à haut risque- sont prévues en 2027, ce qui pourrait inverser la tendance.