Incendies: la facture climatique s’alourdit
Grèce, Canada, Italie, Hawaï… Cette année, les incendies ont tout ravagé sur leur passage. Outre les pertes humaines, les conséquences environnementales et sanitaires, c’est l’économie mondiale qui souffre aujourd’hui, et sans doute aussi à l’avenir…
L’été 2023 a une fois de plus été marqué par de violents incendies à travers le monde, liés aux épisodes de canicule. Un phénomène qui s’accentue d’année en année… En Europe, c’est la Grèce qui a particulièrement été touchée. Le sud de l’Italie n’est pas en reste. Quant aux territoires plus éloignés, le Canada et Hawaï ont eux aussi brûlé. Et leur économie aussi…
En Grèce, la manne touristique en péril
Accès aux sites touristiques limités, rapatriement de touristes, vols annulés… La chaleur étouffante et les incendies de cet été pourraient bien mettre en péril une manne financière essentielle de la Grèce: le tourisme. Le secteur représente en effet 25% du produit intérieur brut du pays et emploie un actif sur cinq. Pour de nombreux commerçants et acteurs du secteur, ces conditions climatiques extrêmes constituent donc une menace majeure sur le plan économique.
Au-delà des annulations, il y a aussi le risque de voir une partie des étrangers fuir la Grèce au cœur de l’été. Les touristes pourraient ne plus se rendre dans les zones touchées pour leurs vacances. En particulier Rhodes, ou encore Corfou. Pour éviter cela, les autorités grecques ont décidé d’offrir en 2024 une semaine de vacances aux touristes qui ont dû écourter leur séjour en raison des incendies. De quoi les inciter à y retourner? À condition bien sûr que la météo soit plus favorable ou que les autorités agissent pour limiter les risques.
C’est là le nœud du problème: le manque de prévention en haute saison. La Grèce bénéficie pourtant d’un budget pour lui permettre de lutter contre ces incendies. Mais l’argent semble aujourd’hui mal investi. Une grande majorité sert à éteindre les flammes, plutôt qu’à les prévenir. Une stratégie coûteuse et loin d’être efficace à long terme. D’autant que ces événements extrêmes sont appelés à se multiplier.
Outre le tourisme, l’agriculture aussi subit les affres des changements climatiques. Les éleveurs ont accusé de lourdes pertes cette année en raison des incendies: près de 80% des bêtes ont été décimées dans la plaine aride de Volos, dans le centre de la Grèce. Cette région est notamment reconnue pour la production de feta, célèbre fromage grec.
Une Italie coupée en deux
L’Italie aussi a été en proie aux flammes, mais pas seulement. Si le sud du pays a été submergé par une vague de chaleur atteignant les 48°C à certains endroits, le nord du pays a quant à lui été frappé par des intempéries d’une rare violence. Deux faces d’une même pièce – le réchauffement climatique – qui coûteront cher au gouvernement. Des dégâts s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros sont pour l’instant à déplorer. Pire encore, selon la Banque centrale italienne, le changement climatique pourrait amputer jusqu’à 9,5% du PIB par habitant d’ici la fin du siècle.
Le secteur agricole reste l’un des plus fortement touché. Dans le Frioul, par exemple, près de 70% des récoltes sont perdues cette année. Sur le long terme, cela représente des conséquences étendues à l’ensemble du pays: chute de l’offre des matières premières, bond des prix…
Si aujourd’hui, le tourisme se porte comme un charme dans la région, la Méditerranée devient de plus en plus inhospitalière à mesure que les températures se réchauffent. Il faudra s’attendre à des changements d’habitudes: les étrangers préféreront peut-être le confort des hôtels et de leur piscine, ou partiront plus tôt (ou plus tard) en vacances. De quoi impacter les plus petits du secteur? Nul ne le sait encore… Mais le risque est là.
Au Canada, des entreprises à l’arrêt
Depuis le mois de mai, les incendies ravagent le Canada. Les milliers de feux de forêt historiques ont émis, à eux seuls cette année, l’équivalent de plus d’un milliard de tonnes de dioxyde de carbone. Du jamais-vu… Côté économie, les dommages causés pourraient se compter en milliards de dollars. Selon un rapport de l’Institut climatique du Canada (ICC) dévoilé en septembre dernier, d’ici 2100, les changements climatiques pourraient entraîner des pertes annuelles de l’ordre de 865 milliards de dollars au pays.
L’arrêt de plusieurs usines, et donc l’interruption de travail, arrive en tête des conséquences les plus lourdes de cette crise climatique. Les importants feux de forêt ont mis à mal toute l’industrie forestière. Il faut dire, l’ampleur des feux était tel que de nombreuses scieries ont dû être mises à l’arrêt. Or, ce secteur emploie plus de 32.000 personnes au Canada. Et ce n’est pas le seul secteur impacté: les exploitants forestiers, les papetières, les pourvoiries, les commerces de proximité… et bien d’autres encore ont eux perdu de larges sommes d’argent. Une aide financière a même été débloquée pour les soutenir.
Les incendies n’ont pas que des conséquences sur le tourisme et sur l’emploi, mais également sur la santé. Par exemple, entre le 4 et le 8 juin dernier, les particules fines dégagées par les incendies de forêt ont entraîné des coûts de santé de 1,28 milliard de dollars en Ontario, selon les calculs de l’Institut climatique du Canada.
Rebâtir Hawaï, le deuxième montant le plus important de l’histoire de l’archipel
Le feu qui a englouti la cité portuaire de Lahaina, ex-capitale du royaume d’Hawaï, est l’incendie le plus meurtrier depuis plus d’un siècle aux Etats-Unis et personne ne peut encore prédire l’ampleur véritable du drame. Pour le moment, on sait que plus de 2200 bâtiments ont été détruits ou endommagés, selon l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles. Au total, le coût de la reconstruction est estimé à plus de 5 milliards et demi de dollars.
La société de modélisation des catastrophes, Karen Clarck and Company, a estimé que le total des pertes assurées devrait être le deuxième montant le plus important de l’histoire d’Hawaï. Un coup dur pour cette île touristique qui commençait seulement à reprendre des couleurs après la crise du Covid. Il faudra sans doute plusieurs années pour effacer les traces de ce désastre climatique…
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