H&M obligé d’arrêter ses activités au Myanmar pour non respect des droits humains

LONDON, ENGLAND - JUNE 11: A protester holds a sign saying 'Fashion Brands, Blood on your Hands' outside H&M in Oxford Street on June 11, 2022 in London, England. Protesters joined trade unions in Myanmar in calling for international brands like H&M, Zara and Primark to stop sourcing their products from Myanmar, due to the brutality and repression under its military junta. (Photo by Martin Pope/Getty Images)

Après Inditex (Zara) et Primark, le géant de la mode H&M annonce son retrait “progressif” du pays suite aux révélations d’abus de droits humains.

Le respect des droits humains dans l’industrie de la mode est souvent une question très épineuse, source de scandales à répétition. Le dernier en date : les rapports sur les abus de travail dans les usines de vêtements du Myanmar (ex-Birmanie, en Asie du Sud-Est).

H&M, le deuxième plus grand détaillant de mode au monde, vient d’annoncer que le groupe cesserait “progressivement” de s’approvisionner dans le pays d’Asie du Sud-Est. Le groupe avait tenté d’éteindre l’incendie en menant des enquêtes internes, mais cela n’a pas suffi.

“Après mûre réflexion, nous avons pris la décision de cesser progressivement nos activités au Myanmar”, a ainsi déclaré le groupe à Reuters ce jeudi. “Nous avons suivi de très près les derniers développements au Myanmar et nous constatons qu’il est de plus en plus difficile de mener nos activités conformément à nos normes et à nos exigences.”

Cette décision survient alors que des mesures similaires ont déjà été prises par Inditex, propriétaire de Zara, Primark ou encore Marks & Spencer.

Vol de salaire, travail forcé et licenciement abusif

Le géant de l’habillement suédois avait signalé ce mercredi enquêter sur vingt cas présumés d’abus de travail dans des usines de vêtements du Myanmar qui le fournissent. Cette enquête faisait suite à un rapport plus large de l’organisation caritative britannique Business and Human Rights Resource Center (BHRRC).

À la fin du mois de février 2023, l’organisation avait ainsi recensé 212 allégations d’abus du travail et des droits de l’homme perpétrés à l’encontre d’au moins 108.000 travailleurs de l’habillement (vol de salaire, heures supplémentaires forcées, licenciements abusifs, rythmes de travail inhumains). Les travailleurs concernés par ces allégations étaient employés dans 124 usines produisant pour au moins 46 marques de mode et détaillants internationaux, incluant donc Inditex, H&M, Primark et BESTSELLER (Jack & Jones).

En début d’année, le groupe se disait “profondément préoccupé par la situation au Myanmar” et affirmait avoir “fait part de cette préoccupation” à ses fournisseurs ainsi qu’aux syndicats, aux marques et aux organisations de défense des droits de l’homme. H&M confirmait même que “tous les problèmes qui nous ont été signalés ont déjà été résolus, souvent grâce à une étroite coopération entre les syndicats locaux, nos fournisseurs et l’équipe locale du groupe H&M au bureau de production de Yangon.” Visiblement, ce n’était pas le cas.

Le Myanmar, autrefois appelé Birmanie, est l’un des principaux fournisseurs de vêtements dans le monde. Cependant, les conditions de travail au sein du pays se sont nettement fragilisées depuis la crise sanitaire, mais surtout après le coup d’État survenu en 2021 et qui a poussé la célèbre Aung San Suu Kyi en prison.

De grandes entreprises d’autres secteurs se sont également retirées du Myanmar. TotalEnergies et Chevron – qui détenaient à eux deux quasi 60% des parts de l’exploitation du gisement gazier de Yadana, une plateforme offshore au large du Myanmar – avaient annoncé leur retrait en janvier 2022.

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