GSM et ordinateur portable: prudence avant de partir aux États-Unis

© Getty

Les fouilles de téléphones et d’ordinateurs portables sont de moins en moins rares à la frontière américaine. Mais a-t-on le droit de refuser ces fouilles, et quels sont les recours possibles ?

Fouiller les appareils électroniques des voyageurs n’est pas une nouveauté. Des avocats, journalistes ou militants d’ONG dénonçaient déjà ce qu’ils considéraient comme une forme de harcèlement avant le second mandat de Trump. Ces contrôles restaient cependant ciblés et ne concernaient qu’une infime partie des voyageurs. Ainsi, en 2024, l’agence américaine chargée de la protection des frontières (CBP) affirme avoir procédé à 47 000 fouilles de téléphones et ordinateurs portables appartenant à des voyageurs internationaux — soit moins de 0,01 % des voyageurs.

Mesures de prudence

Sauf que ce chiffre serait en nette hausse depuis l’arrivée de Trump au pouvoir. S’il n’existe pas encore de statistiques précises, les témoignages d’abus présumés se multiplient presque quotidiennement. L’un des cas les plus médiatisés remonte à début mars : un scientifique français a été refoulé à l’aéroport de Houston, au Texas, après la fouille de son appareil.

Face à cela, de plus en plus de pays recommandent à leurs ressortissants de se munir d’équipements spécialement configurés pour les voyages aux États-Unis. Ce type de précaution, autrefois réservé aux déplacements en Chine, s’étend désormais au territoire américain. La Commission européenne elle-même demande à son personnel de laisser smartphones et ordinateurs professionnels au bureau et de voyager avec des appareils « banalisés » : sans données sensibles, facilement remplaçables et configurés pour un usage limité.

Ces consignes s’appliquent également aux commissaires et hauts fonctionnaires européens en déplacement à Washington cette semaine pour les réunions du FMI et de la Banque mondiale — une prudence révélatrice des inquiétudes suscitées par les pratiques des autorités américaines.

Que peuvent-ils faire avec mon téléphone ou mon ordinateur ?

Les États-Unis sont souverains en matière de contrôle aux frontières. Cela signifie que la U.S. Customs and Border Protection (CBP) dispose de pouvoirs très étendus pour contrôler les personnes entrant sur le territoire, particulièrement si celles-ci ne sont pas citoyennes américaines.

En pratique, il est donc très difficile de refuser une fouille de son téléphone ou de son ordinateur à l’arrivée sur le sol américain.

Des conversations privées peuvent-elles motiver un refus d’entrée ?

Oui. Tout ce qui est stocké sur votre appareil peut être retenu comme motif de refus d’entrée. Et le simple fait de refuser de le déverrouiller peut également vous porter préjudice. Même si, dans certains cas, le refus est toléré, il peut entraîner de lourdes conséquences.

L’appareil peut être saisi, vous pouvez être soumis à un interrogatoire approfondi, voire placé en détention. Le refus peut aussi être noté dans votre dossier, ce qui compromettrait l’obtention future d’un visa ou d’un ESTA — voire vous interdirait définitivement l’entrée aux États-Unis.

De plus, inutile de se faire des illusions : les services de sécurité américains disposent des moyens techniques pour forcer le déverrouillage d’un téléphone. Et en cas de reconnaissance faciale activée, ils peuvent tout simplement vous contraindre à montrer votre visage — même si vous refusez de le faire volontairement.

Que faire pour protéger sa vie privée ?

Le plus simple est de ne rien emporter qui puisse vous porter préjudice. L’idéal : prévoir un téléphone ou un ordinateur dédié à ce type de voyage.

Attention toutefois : un appareil totalement vide peut aussi éveiller les soupçons. Et ne pas avoir de téléphone du tout peut sembler tout aussi suspect, sans parler des difficultés pratiques, dans un monde où de nombreuses démarches sont désormais exclusivement numériques.

Lire plus de:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content