Le pape élu, l’Américain Léon XIV, est un homme de synthèse

Leon XIV, le premier pape américain. (Reuters)

De la fumée blanche s’est échappée jeudi à 18h08 de la chapelle Sixtine au Vatican, annonçant l’élection d’un nouveau pape pour succéder à François par les 133 cardinaux électeurs réunis en conclave depuis mercredi après-midi. L’heureux élu est l’Américain Robert Francis Prevost. Une première dans l’histoire. Il s’agit d’un homme de synthèse.

“Habemus papam”: c’est l’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, qui a été élu à l’issue d’un court conclave comme nouveau pape. Il a choisi le nom de Léon XIV.

Il était à la tête du Dicastère pour les évêques et avait été créé cardinal par le pape François en 2023. Il est le premier pape issu des Etats-Unis de l’histoire.

Donald Trump a adressé jeudi ses “félicitations” à Léon XIV, premier pape originaire des Etats-Unis, dans un message sur son réseau Truth Social. “Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays”, a-t-il ajouté, se disant “impatient” de rencontrer le nouveau chef de l’Eglise catholique.

“Le moins Américain des Américains”

L’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, devenu jeudi le premier pape originaire des Etats-Unis de l’Histoire, est un homme d’écoute et de synthèse, classé parmi les modérés, et connaissant autant le terrain que les rouages du Vatican.

Un évêque “ne doit pas être un petit prince assis en son royaume, il doit être proche du peuple qu’il sert et marcher avec lui, souffrir avec lui”, déclarait-il en 2024 au site internet Vatican News.

Créé cardinal en 2023 par François qui a porté son ascension au Vatican, il était avant son élection membre de sept dicastères (l’équivalent de ministères au Vatican). Robert Francis Prevost occupait notamment la tête du puissant dicastère des évêques, ce qui en faisait le conseiller du précédent pape sur les nominations des prélats.

François appréciait particulièrement cet homme souvent qualifié de discret et réservé, et qui s’est immergé des années durant dans les “périphéries”, ces territoires éloignés ou délaissés jusqu’ici par l’Eglise.

Natif de Chicago, Mgr Prevost a passé deux décennies au total au Pérou, où il a mené une oeuvre missionnaire et est devenu archevêque-évêque émérite de Chiclayo, dans le nord du pays. Mais il a aussi la réputation, au sein de la Curie, le gouvernement du Vatican, d’être un modéré capable de concilier des points de vue divergents.

Les vaticanistes en avaient fait leur favori parmi les cardinaux américains en amont de l’élection, sur la base de son expérience du terrain, sa vision globale et sa capacité à naviguer au sein de la bureaucratie vaticane.

Le quotidien italien La Repubblica l’avait décrit comme “le moins américain des Américains” en raison de son ton modéré. Sa connaissance profonde du droit canon l’a aussi rendu rassurant aux yeux des cardinaux conservateurs aspirant à une attention plus grande portée à la théologie. Après la mort de François, il avait affirmé qu’il y avait “encore beaucoup à faire” au sein de l’Eglise. 

Des acclamations de joie

Des milliers de fidèles et touristes massés sur la place Saint-Pierre ont salué avec des acclamations de joie et des applaudissements l’apparition des volutes s’échappant de la mince cheminée plantée sur le toit de la chapelle Sixtine. Certains filmaient la fumée blanche avec leurs portables.

Les cloches de la basilique Saint-Pierre et d’autres églises de la Ville éternelle se sont mises à sonner à toute volée dans la foulée. L’identité du 267e souverain pontife ne sera connue que dans un second temps, lorsque le cardinal “protodiacre” sortira sur le balcon de la basilique Saint-Pierre pour prononcer la célèbre formule “Habemus papam” (“nous avons un pape”), ainsi que l’identité et le nom de règne choisi par le nouveau pape.

Lors de l’élection de François en 2013, l’attente entre fumée blanche et annonce avait duré un peu plus d’une heure. Dans la foulée, le nouveau pape sortira sur le balcon pour s’adresser aux plus de 1,4 milliard de catholiques dans le monde avec sa première bénédiction “urbi et orbi”.

Le souverain pontife a été élu à l’issue d’un scrutin qui s’annonçait très ouvert, du fait notamment du nombre record de cardinaux présents. Il a réuni une majorité des deux tiers, c’est-à-dire au moins 89 voix, sur son nom. Mais du fait du secret absolu entourant le conclave, les détails du scrutin ne sont pas connus. Il succède ainsi à François, décédé le 21 avril à l’âge de 88 ans, après un pontificat de 12 ans. 

Unité de l’église

La réunion des cardinaux avait débuté mercredi soir, au terme d’un cérémonial extrêmement codifié, et dans un isolement drastique: aucun téléphone portable n’était autorisé, et les réseaux de télécommunication étaient coupés entre les murs de la Cité du Vatican. Sous les fresques de la chapelle Sixtine, un nombre record de 133 prélats issus de 70 pays se sont retrouvés, dont beaucoup issus des “périphéries” chères au pape François qui avait nommé quelque 80% du conclave.

Le nouveau pape devra rapidement affronter des défis considérables pour une Eglise en perte de vitesse en Europe: finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations…  Mais il devra aussi ressouder les différents courants d’une institution où cohabitent des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des “périphéries” en croissance.

Il lui faudra également apaiser une institution parfois bousculée par un pontificat ponctué de réformes et de prises de paroles tranchées, qui ont fait l’objet de vives critiques internes. Lors d’une ultime messe publique mercredi matin, le doyen du collège cardinalice, l’Italien Giovanni Battista Re, avait appelé à choisir le pape “dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l’Histoire”, et plaidé “pour le maintien de l’unité de l’Église”.

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